Parfois, je rêve de toi.
C’est doux et terrible, on finit toujours pas se toucher, se respirer, et contre toute attente et toute logique, c’est normal que tu sois là, c’est normal et bien sûr, contre toute attente et toute logique, tu me dis que tu vas rester, que ça va aller, que c’est fini.
Tu me berces et tu me consoles, je me dépouille de tout ce qui me tient debout, je me recroqueville dans tes bras, je suis fragile et moelleuse, à nu, et je n’ai pas peur. Tu es là, ça va aller.
Et puis je me réveille et je pèse des tonnes. Je quitte mon lit aux relents de traîtrise, lui qui devait m’abriter. Le moindre mouvement prend des années, empêtrée que je suis dans l’odeur des souvenirs et dans cette sensation terrible que je suis incomplète, qu’il me manque quelque chose, quelque chose de très très important ; que j’ai perdu, égaré, laissé filé ; une chose floue est essentielle sans laquelle je vis clouée au sol. Je me retrouve levée à regarder mes pieds avec mépris, je sens le sol pourtant, mais rien n’est vrai, rien ne vaut, je suis blême et si vieille, le temps éveillé me blesse et m’encombre.
J’avance pas à pas en soulevant chaque fois un monde de regrets, j’ai l’impression de nager à contre-courant, l’air me manque et tout est laid. Je suis par terre, à ramasser, personne ne me ramasse.
J’essaye de respirer parce que c’est ce qu’il faut faire, mais ça bloque, ça coince, j’erre au bord des larmes sur un chemin parcouru mille fois.
On me regarde en se faisant du souci mais quand j’essaye de rassurer, quand j’enfile mon masque de celle qui va, c’est un mensonge, parce que je suis triste, parce que jamais je n’aurais cru passer autant de temps à être triste.
J’ai peur de me rendormir, je me méfie, un rêve de plus et je me brise en mille morceaux.
Et puis ça passe, toujours, ça passe.
Je change mes draps pour les laver des fantômes.
Ça prend des jours, des semaines, mais ça passe.
J’essaye de marcher vite pour distancer ce vide qui m’agrippe à la gorge.
Ça passe.
Un jour je me lève et je respire de nouveau à plein, je fais de nouveau sens, je me souviens que j’ai des choses à faire, à créer, des gens à aimer. Des fois j’arrive même à être là où je suis, quand je suis.
Je finis par rire toute seule, c’est ridicule, je me moque, je me taquine, abrutie, et alors quoi.
C’est passé.
Et puis je me couche un soir, je m’endors sans avoir peur, et je rêve de toi.
« Sounds familiar », comme ils disent là-bas… :c
« Des fois j’arrive même à être là où je suis, quand je suis. » Ça peut arriver. Des fois. Par inadvertance.
Exactement.ça passe. Tout passe. Et il faut passer par là.
Les mots sont justes, les images sont belles.
Merci.
Ici une planète crevée depuis que Ouais est Ouais, autant dire qu on ne saurait estimer la date de ce depuis!
Ouais rêve aussi très souvent d une « TOI », enfin quand il dort, donc c est pas si fréquent quand même.
Ici, dans l espace, à la frontière du trou-chiottes d où ouais a disparu, on aime bien vous lire.
Je compatis Impératrice et je vous souhaite que le temps passe vite et cicatrise tout ça.
Moi, j’essaye la rage pour tenir debout. Je suis en colère contre tout, tout le temps et surtout contre celle.ui qui m’a mise dans cet état.
Je déteste le monde entier et je lui crache à la gueule.
Et des fois, ça fait du bien.
Ici la planète CGT 357.
Dites chartreuse évitez quand même de cracher trop haut hein!!!! Nous traversons actuellement une nébuleuse gluante de crachat on va finir par crever deux fois d un virus intraterrestre. En plus les légumes de Ouais sont totalement imageables, tant ils sont devenus acides!!!
Vous fumez?
« J’ai dans les bottes des montagnes de questions
où subsiste encore ton ego
où subsiste encore ton écho »