Seule, avec, mon déséspoâââr 17

La baladie du week-end, c’est quelque chose d’absolument magique.

1. D’abord, c’est le vendredi soir, et tu es flappie. Pas flappie de fatigue de normal ; non : flappie de « au lieu d’aller boire des coups et manger des burgers délicieux avec des amis chers, j’irais bien dans mon pieu boire de l’eau chaude », ce qui est en soi un aveu de pulsion suicidaire.

2. Quand même, tu sors (c’est vendredi soir, mââârde). Le cœur n’y est pas. Tu veux commander du thé (tes amis ne t’aiment plus), tu veux pas sortir dans le dedans manger des cigarettes sans manteau, tu veux pas faire la copine-support pour aller parler au brun qui a les fesses fermes l? -bas, au bar (c’est loiiiiiiin). Tu perds tous tes points de karma.
3. Le samedi, du coup, tu te réveilles vaseuse, tu regardes ton agenda qui est rempli de choses urgentes, essentielles, qu’il faut faire absolument, et tu les fais pas. A la place, tu erres en pyjamou pourri, et comme tu grelottes, tu es obligée de mettre un hoodie polaire de grands froids par-dessus ton beau T-shirt Batman. Après on t’appelle pour te dire : « alors pour ce soir, 19h c’est bon ?  » (bien entendu tu as oublié que tu devais sortir, en fait tu avais oublié qu’il était possible d’aller dehors, tu ne te souviens plus de ce qui peut bien pousser les gens ? marcher dans les rues, ? discuter, ? faire WOUHOU ; en fait ton corps s’était convaincu qu’il allait rester au chaud pour toujours -raté).
4. Tu dois te laver, et t’habiller. Sans hoodie polaire de grands froids. C’est un déchirement. Quand tu l’enlèves pour prendre ta douche c’est comme de t’arracher le cervelet (ton hoodie est un peu devenu Venom, en fait).
5. Tu attends les gens. Dans le froid. Longtemps.
6. Quand il arrivent et disent : « ohlala, désolé… il faut froid hein ?  » tu es trop faible pour les taper.
7. Après tu tousses du sang et du coup ils sont désolés derechef (mais quand tu les regardes ? la place de leur tête tu vois ton hoodie et du coup tu arrives pas ? leur en vouloir).
8. Dans le bar, les gens te regardent comme ils ont regardé Collègue Barbu (qui a une bronchite chronique) quand vous êtes allés voir Contagion. Tu commandes ? manger, c’est cher, et ça a goût de carton. Même le gras ne peut pas te sauver -sans repère, déboussolé, ton cœur pleure des larmes de sang de morve, pleure des larmes.
9. Tes amis qui te veulent soit-disant du bien t’obligent ? commander un grog.
10. C’est pas bon du tout.
11. Tu as trop chaud -? cause du grog- et tu vois flou.
12. Du coup tu sors dans le dehors pour prendre l’air et tu réalises que même si tu ne le sens pas, il fait moins deux, et que tu es en train de re-re-retomber balade.
13. Tu rentres dans le bar.
14. Tu veux rentrer chez toi mais -merci le grog !- tu ne peux plus marcher.
15. Tu prends un taxi pour faire 300 mètres.
16. Le chauffeur t’insulte en chinois. Tu réponds en morve. Tu gagnes.
17. Tu passes une nuit de merde ? pas respirer parce que ton nez est bouché, que ta gorge est sèche, que tu tousses.
18. Le dimanche est un puits sans fond de kleenex et d’yeux qui coulent.
19. Tu passes une nuit encore plus mauvaise (tu es pas bien sûre de comprendre comment c’est possible, mais c’est possible).
20. Tu t’endors ? 6h du matin.
21. Tu te réveilles ? 7h30. Avec des yeux de lapin albinos, le nez qui pèle jusqu’au menton, épuisée, mais guérie.
22. Du coup, tu vas au travail.
23. Tu sens que la semaine s’annonce bien.
24. Il y a des paupiettes de la mer ? la cantine.
25. Tu essayes de te suicider en mangeant des agrafes.
26. Y’a plus d’agrafes.
27. C’est tout.