Mon amoureux secret 3 17

Vous vous souvenez de l’amoureux secret avec qui je jouais à la caricature de textos séductivo-mous ?

(Même si vous dites non je vais quand même vous raconter la fin hein). (HONEY).

J’avais fait le dormi et après je dormais toujours mais en marchant. J’ai relu les textos et je me suis rendu compte que je n’avais pas écrit une seule fois « huhu » alors que c’est un peu le minimum syndical, je sais que tout le monde ne peut pas être spirituel et vif comme un tonneau mais enfin on n’est pas là pour se faire chier et aussi j’avais eu une réunion qui avait duré 22h du coup j’avais pas le temps de citer du Bashung alors je disais rien.

Mais Fulgence est revenu à la charge ! (Il ne s’appelait pas vraiment Fulgence mais je vais pas vous dévoiler son identité, déjà que je la connais pas).

 >Enfin testeuse de fromage demeurait une jolie image. Mais je pars et m’en vais. Au revoir.

>Dans le Vercors ? Sauter à l’élastique ?

>Ben, vous n’êtes pas très loin en effet…

>Quel suspense. Un bunker. Le Vercors. Des amphores. Ça m’a l’air bien plus intéressant qu’un Marc Lévy.

>Des kilomètres de vie en rose… et des montagnes de questions dans les sandales.

>Je ne fais pas autorité en matière de randonnée mais j’aurais tendance à déconseiller le Vercors en sandales.

>Je retiens le conseil.

>Bonne soirée.

Après j’ai éteint le téléphone parce que sinon ça fait les ondes démoniaques qui mangent ton cerveau pendant que tu dors, mais quand je me suis réveillée le lendemain matin Fulgence avait persisté-signe avec un :

>Ok, Sherlock. May be, then… Good night.

Après ça m’a soulée parce qu’en fait je me trouve hautement passionnante et spirituelle mais quand j’ai quelqu’un en face de moi qui me parle de la même façon que moi, c’est-à-dire crypto-mystérieuse, c’est hyper relou. Sérieusement. Morceaux choisis de Fulgence :

>Ça me rappelle Jacques le fataliste. OK mec si tu veux te la péter avec des références littéraires de haute volée moi j’ai l’intégrale de Jacques le Petit Lézard géant alors tu vas te calmer de suite

>J’ai l’impression de me mettre enfin à l’écriture d’un scénario.  Ça c’est l’équivalent de « oh moi rien de spécial enfin si je me suis enfin remis à MON ROMAN », le truc que les gens te disent en soirée comme si tu l’attendais, leur roman, ou même si tu leur avait demandé « et toi ça va, rien de spécial en ce moment » alors que non tu te penchais juste pour attraper une Knacki Ball et après ils t’en parlent durant au moins 20 très longues minutes pendant que tu pars faire un ping-pong mental

>Vous dites chafouin pour rusé ou l’acception dévoyée chiffon ? Je précise que j’avais dit « chafouin » hein, pas « chiafou » où on aurait éventuellement pu penser à une erreur de frappe, je ne vais pas lui lancer la pierre alors que quand je veux écrire « bonjour » sur mon téléphone en général ça donne « gojuri », mais non, « chiffon », quoi le baise ?

>Nul n’est censé ignorer la Loire... Ni la drogue apparemment.

>Il faut à tout prix voir son spectacle ! (« son » = celui d’un type fou qui monologue pendant 3 à 7hrs au théâtre Sylvia Montfort, oui il fait des monologues sur une tranche horaire, tant pis pour toi t’as qu’à faire pipi dans une bouteille)

>Je suis un urbain avant toute chose. Sans déconner, toute cette histoire ne me donnerait donc même pas l’excuse de partir en week-end EN RÉGION pour travailler sur MON ROMAN ?! Déception, j’écris ton nom en Knackis Balls.

>Arrondissement ? (Parce que bien sûr si je ne voulais pas lui donner ma profession j’allais lui donner mon adresse et mon code. Krazy kitty a dit :  » c’est juste pour savoir s’il lui faudra traverser la moitié de paris, ou si ça peut être du stalking de proximité. Pour limiter sa facture-carbone, en somme ») Moi j’ai répondu à Fulgence : « on dirait le titre d’une chanson de Christophe Maé »

Après aussi il a dit Un after-work de retour de Dordogne et je suis à peu près certaine que c’était sans le moindre second degré, du coup j’ai décidé que c’était quitte ou double et j’ai dit :

>Une opinion sur les passages d’antenne de Pascale Clarke ?

ET LA LE DRAME LA FIN LE NO TURFU.

>Perso j’étais très très client ? Et vous ? Ça continue cette année ?

>Pour moi elle est à la fluidité radiophonique ce que Carla Bruni est à la chanson à voix.

>Oh noooon ! Moi je l’aime d’amour. C’est quoi votre référence de fluidité, pour voir ?

Mais c’était trop tard, même l’emploi d’une virgule au débotté ne pouvait plus nous sauver. J’ai lâché :

>N’importe qui qui ne milite pas pour les silences étranges à la radio.

>Je ne m’en remets pas de votre méchant point de vue sur Pascale Clarke.

>Elle a un flow de pétoncle asthmatique. Je n’en démordrai pas.

>C’est elle qui a inventé le mot flow pour la radio. Et c’est fameux les pétoncles !

Prétendre que Papou-Clams avait inventé autre chose que mon eczéma me scandalisait, j’ai pas répondu. Une femme a son honneur. Fulgence a laissé passer un délai qui devait lui sembler adéquat (comme les entrepreneurs de pompes funèbres quand ils font une pause avant de te proposer le cercueil de la gamme d’au-dessus à 8 000 boules, Fulgence semblait penser qu’il y aurait un jour un délai adéquat alors que non).

> Je me sens comme Jacques Chirac en 2005. « Je ne vous comprends pas ». Je ne saisis pas cette fronde anti-Pascale.

>Pour couper court aux fioritures : je la trouve chiante.

>Sadness. C’est une de mes idoles. Je ne connais toujours pas la vôtre en radio… (front anti-Hanouna inside)

J’ai failli répondre « Too bad » ou demander à Krazy Kitty un mot allemand qui ferait dix lignes et se traduirait par « celui qui vide des truites enfermé dans sa cave pendant que dehors résonnent les premières notes du printemps » parce qu’on peut reprocher pas mal de choses aux Germonophes sauf qu’ils ont de la pâte de noix de macadamia et des mots forts utiles mais j’ai juste sorti au pif puisque de toute façon tout était vain :

>En termes de flow ? J’aime bien Ameisen.

>Avec sa grosse voix… J’aime plus sa plume que son ton, qui a tendance à m’endormir… (C’était le mascarpone qui se foutait de la crème épaisse) Lui est très soporifique. Mais big up au générique (de Ratatat). Même groupe que celui du générique de Comme On Nous Parle.

Fulgence avait tout compris : il allait me bombarder de références Pascalclarkiennes jusqu’à ce que je me range à ses côtés eh bien JAMAIS, vous m’entendez Monsieur, JAMAIS !

Et ensuite il y a eu un combo [ private jokes dont j'étais pas au courant ] + [ "MON ROMAN avance bien merci ça parle de" ] + Ça cay Parree it is true there are angels in this city :

> [ J'aimerais être un acteur BunQ(er)able... et avoir mon César. ]

Je comprenais plus rien mais je ne rigolais pas, je ne partais pas en région écrire une anthologie, j’aime pas trop les vins de la Loire et il était hors de question que je retourne au Sylvia Montfort voir le moindre monologue à sens giratoire et tout ceci m’avait donné fortement envie changer du numéro alors que j’ai le même depuis 1998 et que je viens JUSTE de réussir à l’apprendre par cœur.

>Vous m’avez perdue, là. Entre ça et cette étrange affection pour Pascale Clark, je commence à soupçonner la drogue.

>No drugs. J’en suis fort marri. Moi qui vous croyais magnanime…

>Ah, j’ai bien peur que ma magnanimité s’arrête là où commence Pascale Clark.

>Soit. Mais alors, changeons de sujet.

 

C’était la fin.

J’ai répondu rien. Fulgence en est très probablement à la 2867è heure de monologue œnologique au Sylvia Montfort à l’heure qu’il est.

J’espère qu’il a apporté une très grosse bouteille.