Les aventures technologiques de Pétronille, round 2 10

Bon, alors.

Vous vous souvenez un peu des frissons d’émotion que ça me fait à chaque fois qu’on parle de technologie ? La dernière fois, rien que de lire les détails de mon offre Free, j’avais réécrit l’Iliade. (En toute modestie, bien sûr).

Bien, donc, un jour je vais sur le internet pour me plaindre (une fois n’est pas coutume), parce que figurez-vous que mon téléphone refusait de sonner, des fois d’appeler, mais surtout d’envoyer des sms et d’en recevoir (je communique à peu de choses près exclusivement par sms).

Ce qui pouvait être assez pratique, par exemple quand on cherchait à me joindre pour me parler de trucs dont j’avais pas du tout envie de parler (« Je me marie, lol »/ « L’enterrement est le 28″/ « tu peux aller faire la queue pendant 45 minutes pour acheter un truc que je devais acheter moi ? »), mais comme toute tartine a son ninja ou chaque médaille son revers, malheureusement ça faisait aussi ça pour les sms que j’attendais très fort ( »            « /  »             « /  »                 » ). Et les appels.

Si ça se trouve, on m’a proposé le job de mes rêves. Deux fois.

Parce que les gens sont gentils, un jour Kika me dit sur le Internet : « ben mon joli papillion, il a un téléphone qu’il n’utilise pas. Vous le voulez ? « . Moi je dis oui, alors.

Je reçois le téléphone.

Dans un des plus beaux colis du monde. (J’adore recevoir du courrier).

Un beau téléphone, avec un livre de l’aventure, du pâté au gras, des bonbons pour caler, et du Sopalin (j’ai recouvert l’Ile-de-France de morve cet hiver, en m’envoyant des mouchoirs et un petit mot « bonne mouchette » franchement y’avait peu de chance de tomber à côté)(ce sont les petites intentions qui font le plus plaisir).

Bon.

J’annonce ça à Satana. Qui secoue ses petits bras très forts, puis s’empresse de me dire : « bon, ben apporte-le, et moi je le paramètrerai pour que l’Internet soit coupé, sinon il va chercher du réseau et tu vas dépasser ton forfait de radine ; tu sais qu’il y a des gens qui sont allés à New-York et qui ont eu genre 3000 euros à payer en facture internet et il y a des alligators dans les égouts de Paris ??!.

Super. J’avais même pas encore ouvert la boîte que je vivais déjà dans la peur.

Enfin il ne fallait pas trop qu’elle s’inquiète, parce que de toute façon, je ne trouvais même pas où mettre la puce dans le téléphone. (En même temps, celui d’avant s’ouvrait tout seul, du coup j’étais pas super habituée).

Donc j’ai fait ce que je fais à chaque fois que je comprends rien : j’ai essayé trois secondes et après ça m’a gavée et j’ai demandé de l’aide. Mon premier appel au secours s’est déroulé selon le schéma suivant :

Pétronille :
Yo

Copain :
Yo !

Pétronille :
J’ai récupéré un androPid quasi neuf. Pardon, un androïd.je sais même pas où insérer la puce
help !!
(je suis en train de m’auto-moquer de moi)
(je glousse)
(je suis clairement pas faite pour ce siècle)

Copain :
Faut le foutre dans la fente

Pétronille:
Si tu crois que c’est le moment de raconter des saloperies

C’était pas le moment de galéjer. Je me suis mise hors ligne. J’ai réessayé d’ouvrir le téléphone mais ça marchait paaaaas. J’avais très peur de le casser, ce téléphone (on m’en a filé deux l’année dernière, je les ai pétés tous les deux)(oui, de la même façon)(oui ben ça va). J’ai envoyé un message à Kika.

Pétronille :
Dites… Excusez-moi mais elle se met où la puce ?

Kika :
MOUHAHAHA

Pétronille :
OK non mais c’est bon, laissez tomber.

J’ai éteint Facebook qui est un repaire de personnes cruelles et moqueuses. (J’ai ma dignité, merde).

Ensuite j’ai cherché un schéma pour ouvrir. J’ai trouvé Google plus gentil que mes amis du internet (c’est rare)(mais là bon). J’ai ouvert. J’ai mis ma puce.
Tout un nouveau monde de trucs qui marchaient pas s’est ouvert sous mes pieds.

Quand j’inserrais ma puce dans le téléphone de la technologie, il refusait même de me dire bonjour (l’enfoiré).
Il fallait désimlocker le téléphone (je glousse pas du tout en ayant l’impression d’être dans un épisode de X-files de 1995 en écrivant ça)(Celui où Scully dit « je vais appeler Internet pour lui demander de nos sortir les photos du casse »).

Je savais pas du tout comment faire ça.
Satana voulait bien remplir mon cœur de terreur mais pas s’en occuper à ma place. Ptin bravo les accointances.
Kika a fait de son mieux mais le service client lui pétjait las prunas. Elle a fini par me donner les codes de l’espace perso de son Joli Papillion (Kika est gentille et généreuse mais, étrangement, il s’est rapidement avéré quelle avait mieux à faire de ses journées que d’essayer de joindre une personne hypothétiquement efficace qui pourrait hypothétiquement résoudre le problème de quelqu’un d’autre).
A cette occasion, j’ai appris que le mot de passe de l’espace perso était « VousMeFaitesChierAvecVosConneries », et je me suis dit que j’étais peut-être pas la seule à me sentir un peu désemparée devant les méandres de la téléphonie mobile.

J’ai appelé la dame électronique du service client. J’ai appuyé au hasard sur les touches (il n’y avait pas les choix dont j’avais besoin). Je me suis fait raccrocher au nez par un répondeur.
Quatre fois.

J’ai fini par avoir une dame qui m’a dit qu’elle n’avait pas le numéro de désimlockage. Que c’était le constructeur. J’ai dit « mais y’a votre nom sur le téléphone… » elle a dit « ah oui mais non ». Soufflée par la force de ses arguments technologiques, j’ai fermé ma gueule.
Elle a fini par me dire qu’elle transmettait la demande au constructeur, mais qu’il pouvait y avoir jusqu’à trois semaines d’attente.

J’ai rien dit (je m’entaillais le poignet avec les dents, je parle pas la bouche pleine).

Six semaines ont passé.

J’ai essayé de me réconcilier avec des gens à coups de sms vides. Ça marchait pas du tout. J’ai essayé de devenir amie avec des gens qui voulaient me proposer du pognon pour faire des trucs cool : ça passait pas du tout non plus (ce n’était donc pas un signe genre « non mais ta vie est mieux sans eux » parce que je peux vous garantir que ma vie est mieux avec dedans des trucs cool qui pourraient rapporter du pognon, hein, ne nous leurrons pas).

Chaque jour au travaillement, Satana regardait mon vieux téléphone d’un air dédaigneux, accompagné d’un « pfffft » ; puis elle me tournait le dose.
La distance entre nous se creusait.
Un jour, elle s’est contenté de lever les yeux au ciel (elle m’a avoué plus tard qu’elle ne m’avait pas reconnue à cause d’une gueule de bois monstrueuse mais c’est du story telling, là).
SFR allait avoir raison de notre amour.

j’ai paniqué.
J’ai renvoyé un petit mail à Kika pour savoir si son papillion avait reçu le mail promis pendant que je me rongeais les veines.
Elle m’a dit (en termes de narration on atteint des sommets là, hein, j’espère que vous profitez bien de ce déroulé passionnant « j’ai dit/ elle a dit/ et alors là j’ai dit »): « non, mais, sur un forum j’ai trouvé un type qui dit qu’ils sont obligés de vous le donner. ».

J’ai rappelé.

Le répondeur m’a de nouveau raccroché à la gueule.

Deux fois.

Finalement j’ai eu une autre dame qui m’a dit qu’elle n’avait pas le numéro. Qu’il fallait le demander au constructeur.
« - Mais ça fait un mois que je vous ai appelés, vous avez noté mon mail, ça devait prendre trois semaine.
- Ben oui mais ça dépend du constructeur.
- Mais moi pendant ce temps-là, je n’ai pas de téléphone.
- Alors oui mais on peut rien faire. on l’a pas… c’est un délai de deux semaines.
- Ah donc c’est pas trois ?
- Si. Ou deux. Enfin il y a un délai.
- Mais j’ai appelé il y a deux mois. Je travaille avec mon téléphone ! Je suis très handicapée au quotidien. Vu comment j’ai géré l’affaire au quotidien, c’était un bilan tout à fait vrai, finalement.
- Ah oui mais moi je peux pas faire, quoi.
- Et par ailleurs on m’a dit qu’il était obligatoire de fournir cette information, alors je ne sais pas, est-ce que je fais appel à mon avocat pour un courrier officiel ?
- Bon alors attendez, vous avez de quoi noter ?
- Ben oui, mais noter quoi ?
- Le numéro.
- De désimlockage ?
- Oui, Vous mettez la puce dans le téléphone, le téléphone il va vous demander un numéro, vous donnez ce numéro là. (Elle était passée en mode « je me mets plus près »).

J’ai même pas cherché qui que quoi « mais vous l’aviez en fait, tout du long, bande d’enfoirés! », j’ai noté.

Après Satana a sautillé assise sur sa chaise et disant « oui-oui-oui, à toi la technologie !!! Je vais te paramétrer des trucs et te montrer des applis, donne-donne-donne ! « .

Tout était pardonné. L’avenir riant du chaton bisoutal rayonnait de nouveau devant nous.

Mais j’avais oublié le téléphone chez moi.