Le concert 8

Mes accointances régionales étant bien souvent remplies de bonnes idées (comme par exemple : être cool, ou : faire pousser de la roquette), sans doute grâce à l’air vivifiant de la campagne (et en lisant ça, Grenoble, Bidet de la France, se gausse sans retenue), vaguement récemment, Copine m’a dit : « tiens, si on allait à un concert ? »

Comme je suis pas contrariante (re-rires en région Grenobloise, mais ça c’est les Grenoblois, leur mesquinerie n’a d’égale que la qualité de leur pâté), j’ai dit oui. Et après je suis retournée à mes activités passionnantes (= avoir du poil sur les genoux et bosser). Des fois je pensais au concert avec un petit frisson d’appréhension, mais c’était dans longtemps, et donc ça n’existait pas (foutez-vous de ma gueule et puis demandez-vous comment vous vous positionnez par rapport à la question de la mort inéluctable, et on en reparle).

Il faut savoir que longtemps je me suis couchée de bonne heure, je suis allée à des concerts improbables, dans des lieux interlopes, écouter de la musique aléatoire, par amour. OUI j’ai 33 ans et j’ai décidé de mettre des mots sur les choses. Depuis, l’idée de me retrouver où que ce soit bloquée à écouter la musique de qui que ce soit me colle des sueurs froides. Ce qui est totalement ridicule, parce qu’à un concert, si t’es pas content tu bois de la bière et/ou tu t’en vas, alors que pendant un monologue douloureux d’Isabelle Huppert (pour elle, mais surtout pour nous), c’est moins simple (je suis très polie). Or, je vais beaucoup au théâtre. Va comprendre.
Bref.

Donc, de temps en temps, j’avais un petit mot d’Accointance qui disait « oh c’est cool c’est bientôt ! » et je disais « mais oui ! » et j’allais manger des Dinosaurus pour calmer mon inquiétude.

Et puis un jour ça a été bientôt-là et du coup y’a eu plus qu’à.

[Je suis consciente de l'indécence qu'il y a à écrire d'un ordinateur qui m'appartient dans un logement où j'ai à manger, un billet pour expliquer à quel point c'est dur pour moi d'aller à un concert. Mais si tu enlèves les connards nombrilistes il ne reste plus rien sur Internet]

Forcément, il faisait 40°C. Pour quelqu’un qu’on accuse souvent d’exagérer, il y a une dimension finalement assez satisfaisante à survivre à une journée où il fait vraiment 40°C, en répétant sans cesse « il fait 40°C ! Il fait 40°C ! » un peu sur l’air de « l’Apocalypse! L’Apocalypse ! », sans que personne ne puisse te contredire.

Est-ce que ça compense le fait de suer du cul 24h d’affilée ? Bonne question. Vous avez deux heures.

J’ai récupéré Accointance à Chaussée d’Antin-Lafayette. Une idée brillante dont je porte l’entière responsabilité. Si tu veux être sûr de ne jamais trouver quelqu’un, il suffit de lui donner RdV devant le H&M de Chaussée d’Antin. Parce qu’il y en a 4. Et 8 sorties de métro. Et du RER. Et deux Printemps. Et les Galleries partout. ET DES GENS. Je sais pas ce qui m’a pris, bref, j’ai dit « devant le H&M de Chaussée d’Antin », peut-être que comme il FAISAIT VRAIMENT 40°C je pensais de toute façon que je ne passerais pas la journée.

(Bien sûr, c’est à suivre, c’est la grosse dèche, vous pensez que je fais un événement culturel tous les deux jours ?!)