Ohlala, je fais plus rien, je sais. Je suis désolation.
Et fatigue.
Surtout fatigue, en fait, pour ne rien te cacher, galaxie.
Vois-tu, j’ai selon toute apparence développé une allergie qui peut à mon avis facilement se positionner comme allergie la plus absurde du monde : je suis devenue allergique aux week-ends. Sincèrement, c’est la seule explication valable. C’est ainsi que mes quatre derniers week-ends se sont déroulés de la manière suivante :
Réveil le samedi.
Joie et félicité, le réveil n’a pas sonné, et c’est normal. certes, j’ai mis des plombes à m’endormir (« trop de vent, pas assez, l’eau était trop humide », comme disait le Poète en un vibrant hommage aux choses qui ne se déroulent pas comme tu voudrais, avant de partir se noyer dans notre estime disparue et dans le Whisky Lidl ), je me suis réveillée une fois parce que j’avais rêvé que c’était l’Apocalypse et que je me sacrifiais pour permettre à Gonzague de boire mon sang (pour le Petit Frère Fou, je m’en fais moins, il est tout à fait équipé pour la Fin du Monde. En fait, j’en viens même à me demander parfois s’il ne l’attend pas avec enthousiasme) ; une deuxième fois parce que j’ai rêvé que j’étais en retard pour le travaillement, mais après je me suis rendormie parce que justement, en vrai, y’a pas de travaillement, ah-AH !
Bon, en général je me réveille aussi exactement au milieu de mon troisière rêve, pile au moment où Idris Elba est sur le point de me pénétrer les parties charnues tel la spatulette conquérante la motte de beurre à température ambiante. Donc pas de si bonne humeur que ça, mais nonobstant, il n’est pas sept heures du matin, et ça, ça n’a pas de prix.
Depuis que j’ai arrêté de fumer, je me réveille également avec un ragondin mort dans la bouche, mais un ragondin non-fumeur.
Enfin, sachez que j’ai récemment retrouvé mon zlipe Superman préféré, dans lequel je dors avec confort et me sentant vaguement de taille à sauver Métropolis si le besoin s’en faisait sentir.
Bref, le samedi matin est en général le moment où je savoure les petits bonheurs de la vie (dans tes dents Satana)(elle pense que je sais pas faire ça)(elle est juste jalouse parce que mon ulcère grandit plus vite que le sien).
Je me lève et je me bouscule et je me débarbouille la tête et les fesses et je m’habille avec entrain, en reniflant un peu (dans ma famille le matin, on renifle un peu, c’est pénible mais je pense que c’est moins pire que de voter De Villiers, enfin, chacun son point de vue).
Ensuite je vais me faire un thé, en reniflant un peu plus. (Je ne bois plus de café, ça me rend malade) (vous êtes ravis de tous ces détails) (surtout, si vous les mettez bout à bout, vous allez vite vous rendre compte que même ma Mamie a plus la patate de la vivacité survivatoire que moi en ce moment).
Ensuite je fais une liste (Titiou pourrait vous parler bien mieux que moi du bonheur de faire des listes).
J’aime beaucoup les listes du samedi matin parce qu’elles gravent dans le marbre -où sur le derrière du relevé bancaire qui continue à me parvenir tous les 15 jours alors que j’ai hurlé mille fois que je voulais pas de courrier papier, ça dépend où vous aimez graver les trucs – cet instant rare de possibles qu’est le samedi matin.
Ensuite, j’éternue, ce qui me fait ripper sur ma belle liste.
J’éternue, je précise, entre 5 et 8 fois.
Ensuite, mes yeux coulent et je ressemble à un panda aux yeux bouffis, un peu comme si je rentrais défoncée de merguez party à 5 du mat sauf que pas.
A ce stade, j’ai plus ou moins un quart d’heure d’autonomie -limitée parce que j’éternue toutes les 7 secondes- pour faire mon testament et renoncer à tout ce que j’avais prévu de faire.
Et ensuite, soit je m’allonge les yeux fermés, soit je reste debout et j’essaye de vaquer à mes occupations, mais c’est à mes risques et périls -et à ceux de mon entourage. Parce que mon nez coule. Tout le temps. Je marche avec un mouchoir plaqué contre les naseaux. Inutile de dire que c’est pas trop le moment de me demander si j’ai pas pile 8€27, si c’est la grippe aviaire, ou si j’ai l’heure. D’ai le dez gui goule. C’est même pas dégueu, en fait, c’est juste hyper chiant. C’est exactement comme si je pleurais du nez. Si ça se trouve mon nez vit une histoire d’amour dramatique et moi, je l’ignore. Pardon, gue l’igdore.
A force de me moucher toutes les 4 secondes et d’avoir le nez collé à un mouchoir humide en permanence, ma peau picote et s’enflamme (je cicatrise vite mais je m’abîme vite aussi).
A ce moment-là, en général, si j’avais eu le fol espoir de rayer des trucs sur ma liste, tête de mule que je suis, je renonce définitivement.
Et je me reviens directement au point développé plus haute – celui où je vais me coucher.
Soit j’ai des choses à faire (typiquement, comme hier, par exemple, préparer de la bouffe pour Nowel)(cuisiner avec de la morve de larmes* qui tombe dans le plat, c’est ce qui fait que les soirées de l’Ambassadeur sont toujours un succès), et la seule solution viable est de me coller des tampax dans le nez.
J’ai précisé qu’à ce stade j’étais également d’une putain de mauvaise humeur de merde ? D’autant plus que mon flux de nez ne correspond pas à mon flux d’utérus, -jamais nous n’avions autant partagé, Galaxie, jamais je ne m’étais livrée ainsi, mais que nous arrive-t-il - la vie est une Fallope.
J’appelle donc pour décommander toutes les obligations sociales que j’avais inscrites avec joie et impatience dans mon bel agenda. Je me fais engueuler. J’envoie une photo de ma gueule. Je reçois un message d’excuse. Je me résous à aller me coucher -il est plus ou moins 17h30, mes yeux pleurent trop pour que je puisse lire l’heure.
Et c’est ainsi que mon univers de possible finit sous la forme de deux tampax minis imbibés de cerveau liquéfié.
Je me couche donc.
Mon nez est en steak haché. Au moment où je m’endors, il se bouche (chose que j’ai espérée toute la journée, histoire qu’au moins je puisse me servir de mes mains). Je passe donc une nuit à me réveiller toutes les 40 minutes, la gorge sèche, et à rêver qu’Idris Elba me fait avaler du papier de verre, en un rituel pas du tout érotique, me brisant le cœur et m’obligeant à le jeter dans les geôles de Métropolis.
Je finis par renoncer à dormir, me disant que je vais peut-être enfin pouvoir faire des trucs, maintenant que la congestion a fait son œuvre. Mais le temps que mes 2 Nurofen fassent effet sur ma fièvre, je suis de nouveau en train de me fourrer des bouts de sopalin dans les naseaux, et de déclarer au monde en un cri rauque et fatalistique :
- »RHAAAAAAAAAAAAAAA mais PUUUUUUUUUUUUUtain mais ça me pète les COUUUUUUUILLES cette saloperie de MEEEEEERDE »
Et je renonce. A tout. Fuque.
Quoi « et c’est tout ? » Bien sûr que c’est tout. Ensuite, c’est dimanche apres-midi. Qui a déjà vu quoi que ce soit de productif se produire le dimanche apres-midi ?
Je m’endors tard (ma seule activité ayant consisté à avaler ma morve -tout plutôt que de me moucher une seule fois de plus, je me suis moyennement dépensée).
Et le lundi matin, je suis comme une fleur.
Une fleur avec les yeux en foufoune, de la croute sur le nez, et trois mois de retard sur ses divers projets de conquête de l’univers, mais une fleur.
Qui se rend donc au travail.
Faute d’avoir un marteau pour se péter une jambe et qu’on n’en parle plus.
Je trouve ça très poétique, la « morve de larme ». On dirait presque des perles de pluies qui viennent de pays où il ne pleut pas. Le mot-clé ici étant bien sûr « presque »)
Combien de fois ce billet contient-il le verbe « renoncer » et que peut-on en déduire sur l’état émotionnel de l’auteure ?
Le week-end prochain – soyons fous, voulez vous ? – vous nous tentez le SCT (syndrome du choc toxique)du sinus avec les sus-cités Tampax.
Je ne suis que rires et hoquetements. Vu la journée de merde que je viens de me taper et celle qui m’attend demain je trouve que vous faites fort.
Je compatis, cela m’arrive également, surtout quand je fais une visite éclair chez mes parents (les joies de l’air pur de la campagne) et où je passe le plus clair de mon temps à essayer de trouver tout et n’importe quoi à me fourrer dans les narines pour que ça arrête de couler.
Essayez Aérius ou Zyrtec, ça marche assez bien pour ces écoulement nasaux, sinon faut trouver ce qui est la cause de cette allergie et l’éliminer (même si c’est un chaton tout mignon :p)
Huhuhu j’ai failli m’étrangler de rire en lisant ce récit (je suis honte de n’avoir pas compati au plus haut degré mais c’était trop drôle). Merci de m’avoir rendue joie et bonheur alors que ma journée était plutôt contrariétés et envie-de-tuer-des-chatons jusqu’à maintenant!
True story : mon œil droit s’est mis à brûler à la troisième ligne de ce billet, après deux paragraphes il pleurait furieusement, et il m’a fallu trois mouchoirs pour arriver à la fin.
C’est que c’est contagieux en plus vos conneries.
(Retour à la normale depuis que je suis dans la boîte des commentaires.)
Ca me donne trop envie d’être noir tout ça. Bisou.
Je suis en train d’essuyer l’écran. Et le clavier. Et un peu le bureau aussi. J’ai craché partout en riant.
(…) flux d’utérus … la vie est une Fallope ! (Et nous trompe énormément ?) Cette association de mots va faire ma semaine.
Z’avez vu ? j’vous ai retrouvée !
Et Bu doup, Gobbent da ze passe les bendez-vous abec les zadents ibbobiliers pour l’achat de l’abbardebent ?
Joineu yoel et bon rebeillon, donc.