Comment ne pas haïr le parisien ? 8

Me demande Eva.

Alors d’abord j’ai envie de mettre ma culotte de fête sur la tête et de courir en louant djizus, pour remercier Eva. Oui parce qu’en ce moment j’ai rien à raconter, hein, vous l’aurez vu, car vous êtes tous de petits ninjas malicieux aux dons d’observation sans pareils.

Et donc Eva me pose une question à laquelle je vais répondre.

Voilà.

Attention, j’y réponds, et du coup comme ça je fais un billet de blog -zubdile sdradéguie !

Oui et donc si vous avez des questions, hein, n’hésitez pas. Je suis en confiance. En plus l’autre jour Satana m’a demandé pourquoi le ciel était bleu et je savais, depuis elle me regarde avec une sorte d’admiration sans borne. Elle va nier bien sûr, mais ma parole est Vérité (alors que sa parole à elle est toute petite avec des bras de taille risible).

Voilàvoilà.
Donc je réponds.
Ahah ! Hum.

Comment ne pas haïr le parisien ? Eh bien, j’ai envie de dire que la haine est dans la poutre de celui qui regarde, surtout s’il roule les calendes grecques dans la mousse, ou un truc du genre.

Il ne tient qu’à vous ne pas haïr le parisien, Eva.

Mais j’admets qu’il faut faire un léger effort de projection. Il faut vous mettre dans la peau du parisien -je concède bien volontiers qu’il est en général plus tentant de la piétiner avec des chaussures en parpaing que de s’en vêtir métaphoriquement, mais enfin, à cœur vaillant on prête l’hirondelle qui fait deux tu l’auras.

1- Le parisien paye tout très cher. Il tente de se consoler en crachant violemment au visage des habitants de banlieue (qui ont tous les inconvénients, sans aucun avantage, faut vraiment être con) et les provinciaux (ces gueux). Mais ce qu’il y a au fond du parisien, c’est un petit être fragile qui débourse chaque mois un smic pour habiter dans un placard qui fait la taille de mon cul (certes spacieux, mais pas de là à y caser une famille nombreuse, deux chats et un hamster).


2- Le parisien est obligé de prendre les transports en commun. Ce qui rendrait n’importe qui odieux.


3- Le parisien n’a pas de mots ou de tournures drôles. Il parle dans son nez et rajoute « han » ; « hon » ; voire « honhan » aux moments les plus improbables. Les seuls mots dont il a hérité sont : « vélib » et « navigo », qui, tu m’excuses, sonnent respectivement comme un petit oiseau amputé des ailes et un sous-gladiateur nazi et myope. Du coup, quand il entend « chocolatine », par exemple, ou « c’est quelle heure ? », son cœur se serre comme il pleut sur la ville, et il se gausse, crachotant de dédain comme un tuberculeux Romantique éructerait ses dernières volontés.


4- Le parisien a un gros problème de distances. Peut-être parce que tout déplacement implique, justement, d’affronter le RATPiste, la peur au ventre, le parisien pense que le XVè est à l’autre bout du monde. Ou le XIXè, selon là où il vit (sachat que le XIIè et le VIIè sont des légendes). Du coup, il écrit ses arrondissements en chiffres romains pour se la péter et passe ses dimanches tremblant, roulé en boule sur son canapé Grüljtyfl. Il te soutiendra mordicus que Lille est moins loin de chez lui que Joinville le Pont. Et dans ces affirmations enfantines se découpe la silhouette d’un être qui n’a pas son permis à 37 ans et a un jour sérieusement envisagé de se déplacer en trottinette -autant dire à se petit-suissider socialement.


5- Le parisien va un jour dans sa vie devoir aller à La Défense. Certains (mon cœur saigne et mon échine se couvre d’une sueur froide rien qu’à cette pensée) y travaillent, chaque jour que la Grande Rillette crée. La défense étant un immense parvis sans le moindre végétal en vue, destiné à concentrer le plus de lignes de transports en commun possible et à fabriquer des courants d’air, vous comprendrez qu’il s’agit là d’un destin dramatique tel que ne l’auraient pas renié les plus grands. Ulysse lui-même eut-il finalement rejoint Ithaque s’il avait dû passer par la Défense un vendredi à 17h ?


6-Enfin, n’oubliez jamais que le principe même du parisien, c’est que même quand il s’éloigne de Paris, il finit toujours par y revenir. Il a vu l’Ailleurs, il a goûté son sel, il a parcouru du bout des doigts les infimes variations de l’air qui tracent dans l’azur les lignes du possible. Et il revient. Souvent par la Porte Maillot. C’est terrible.

Alors la prochaine fois que vous verrez un parisien, pensez à ça, le pauvre : il vit à Paris.

8 avis sur “Comment ne pas haïr le parisien ?

  1. clo fév 13, 2013 19:16

    Haaaan, mais il fallait le dire que les parisiens avaient besoin qu’on leur dise des mots d’étrangie d’en dehors de Paris! La prochaine fois que j’y passerai, je leur susurrerai mon parler belge!

  2. Ninita fév 13, 2013 19:50

    J’avais fait un chouette commentaire pour défendre les buissons de la Défense mais une vilaine erreur 500 est passée par là :(

  3. Rose Citron fév 14, 2013 06:57

    Oh , par la grande rillette, je ne vais jamais me remettre de navigo, le sous-gladiateur nazi et myope!!!
    J’ai tellement glousseuh-gloussé que j’ai craché mon thé! (glam!)

  4. Eva fév 14, 2013 08:28

    Wouhou, mon nom est cité 4 fois!!!! Vitre votre Impérialissime Majesté, et votre Impérial Postérieur… Je vais relire plusieurs fois maintenant, pour bien enfiler la peau du parisien.

    Birnus

  5. Finkhald Sarlonius fév 14, 2013 09:10

    La tristesse étreint mon petit coeur de sa gangrène putréfiée (ni très fiable) autant que douloureuse. Moi qui dépressif chronique depuis bien longtemps mais aussi et surtout depuis que he suis Parisien, je sais enfin pourquoi : je me hais, du plus profond du tréfond de mon âme torturée et de ma psyché fragmentée, à 5 contre 2. Ça fait beaucoup.
    D’autant que c’est vrai, ce que vous dites. Depuis que je suis parisien, j’évite Brest comme la peste. Je me dégoûte.

    D’où ma question, Ô Impératrice Galactique :

    Comment réunir un conciliabule entre moi, moi, moi, moi, moi, moi, et moi, et s’arranger que l’on tombe d’accord et que je puisse enfin m’aimer pleinement ?

    Ou, à défaut :

    Pourquoi s’embêter avec 7 saisons de Buffy si y a que six épisodes de bien ?

  6. Marie-Cécile fév 14, 2013 14:42

    « Ulysse lui-même eut-il finalement rejoint Ithaque s’il avait dû passer par la Défense un vendredi à 17h ? » C’est si beau, impératrice. Et nous plonge dans les perplexes abîmes de notre modernitude. Oui, il semblerait que l’urbanité contemporaine surpasse en vicelardise toute épreuve antique et que la peau du parisien soit d’étouffant chagrin. Une question nonobstant s’impose : pourquoi y reste ? Hein ? Pourquoi ? J’ai fui après 7 ans de bons et loyaux sévices, et pour fuir, j’ai accepté de vivre tout d’abord à Nevers, non mais NEVERS, quoi ! Et au bout de quelques temps, mon regard se perdant au fil des hérons loiresques, Nevers me semblit le plus bel et pouétique endroit qui soit, même encore aujourd’hui que je suis de Toulouse. C’était parce que Nevers n’était pas Paris, que Nevers avait des fleurs, des lapins gambadant librement et des gens gentils qui te parlent poliment. Donc, même (je compte)20 ans après (mon JIEU !) je bénis chaque jour d’avoir décidé de redire haut et fort « chocolatine », et ce, en des contrées linguistiquement compatibles. Voui, mes revenus ont baissé, oui, j’ai renoncé à devenir planner stratégique (heureusement, aujourd’hui, j’aurais honte). Mais, hé, les gens, j’ai un jardin, et quand je vais chercher mon pain, je fais la bise à la boulangère. Et, de mon âme de planneuse et après avoir fait le tour de la provincie (en 20 ans, t’as le temps de voir quelques bleds) je vous dit que même culturellement, Paris, c’est pas formidable, qu’il y a beaucoup mieux ailleurs, plus jeune, plus énergique (tu peux pas être jeune et énergique, à Paris, tu as pris les transports en commun, alors que le jeune Grenoblois, lui, descend tout frétillant de Chamrousse). Donc, fuyez tant qu’il est encore temps, l’internet va partout ! Salutations, impératrice, vous êtes toujours une source d’inspiration pour nous tous.

  7. Masmedia fév 15, 2013 07:57

    mais alors…
    pourquoi il est bleu le ciel finalement ?

  8. symnemisa avr 10, 2013 04:15

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