J’allais dire : « il m’est arrivé une aventure extraordinaire », mais comme de toute façon tout ce qui m’arrive est passionnant, ce serait un pléonasme qui m’attirerait l’opprobre populaire.
Donc, avec mes sympathiques collègues, on s’est dit tiens, on va aller au cinéma. On est comme ça nous, on est des oufs, des gueudins, des débloqués de la tête. Et comme on est aussi des gros anarchistes dont chaque journée est une aventure incertaine, on a d’abord pris nos places sur l’internet. Après on a descendu quelques crânes de sang de chaton en se félicitant d’avoir une fois encore vaincu le système.
Bon.
Ensuite on s’est rendu compte que Collègue Martien ne parlait pas du même film que nous (il avait pris des places pour une autre séance) ; que Collègue Blondinet avait fait genre il prenait sa place mais en fait non parce qu’il avait pas trouvé le gros bouton rouge clignotant « ACHÈTE TA PLACE EN LIGNE EN CLIQUANT ICI GROS BOULET » et qu’il s’était dit qu’en arrivant 3 minutes avant le film ça allait le faire impec, et que Satana était rentrée chez elle faire une sieste avant et que du coup forcément elle dormait. Dis donc, heureusement qu’on est pas par exemple CHEFS DE PROJET en charge d’ORGANISER DES TRUCS HEIN, qu’on aurait l’air con ! OH WAIT !
Du coup au lieu d’aller voir le film que j’avais prévu et que je voulais aller voir, et qui était bien entendu complet jusqu’à la fin des temps, sauf ma place à moi qui est restée vide, j’ai accompagné Collègue Blondinet voir autre chose, sinon il repartait chez lui tout triste. (J’étais pas du tout chafouine).
On est allé voir Cartel.
Cartel, qui réalisé par type qui a fait Prometheus, qui était une grosse bouse. Mais avec un scénario de Cormac McCarthy, et du coup, l’espoir était permis. Pour l’anecdote pas glop, sachez que c’est durant le tournage de ce film que Tony Scott s’est suicidé. Ridley est donc parti toutes affaires cessantes enterrer son frère, et le tournage n’a repris que deux semaines plus tard. Et à mon avis, il devait être très triste en revenant. Et quand quelqu’un est très triste parce que son frère s’est suicidé, tu lui mets pas en plus des claques sur le haut du crâne en disant « oh, eh, tu fais n’importe quoi là mec, t’es défoncé ou quoi ? ».
Du coup, c’est n’importe quoi.
MAIS si je vous en parle, c’est parce que j’ai la conviction profonde que ce film peut être intégralement résumé en onomatopées.
Démonstration.
Donc c’est Michael Fassbender (mouaif, j’en ai un peu marre de le voir partout faire le type qui a les joues creuses), et Penelope Cruz (huuu) qui font le sexe sous un drap.
Après, Mouaif va voir Javier Bardem qui a bizarrement la tête vachement plus aplatie que dans mon souvenir. Et aussi il est Orange. (Quand je dis ça faut entendre la petite voix de gosse pénible qui parlait à la fin de la pub). Par ailleurs, le pauvre est frappé par la même malédiction que Colin Farrel : un jour il a insulté la mère au Chargé de Capillaire d’Hollywood, et depuis il se tape que des coupes de merde dans TOUS ses films.
Mouaif et Orange! ont une conversation très nébuleuse sur un truc qu’ils veulent faire qui serait illégal pour faire de l’argent de nature monétaire. Orange! dit que attention, ça rigole pas, Mouaif dit qu’il a pas peur.
Sur ce, Mouaif prend l’avion vroum pour aller acheter un diamant à Amsterdam pour Huuuu son amoureuse. Bien joué la facture carbone.
Quand il revient il va voir Orange! dans son disco-club (ils sont associés de disco-club), Orange! lui dit qu’il va faire un mur joli et installer un bar là, Mouaif dit d’accord, fin de l’interlude Question Maison.
Orange! envoie Mouaif voir Howdee le cow-boy, qui est joué par brad Pitt qui n’accepte apparemment plus que des rôles lui permettant de conserver son catogan intact et vigoureux. Howdee lui dit eh, mec, c’est sérieux, si tu veux faire l’illégalité, c’est dangereux, les types des cartels, y rigolent pas. Enfin, ils rigolent, mais pas pour la même chose que toi. Par exemple, kidnapper ta femme pour la violer et lui couper la tête, ça les fait bien loler. Par exemple. Mouaif dit d’accord (il est pas contrariant).
Mouaif retourne au disco-club pour écouter une anecdote fort divertissante d’Orange!. Il semblerait que la compagne d’Orange!, qui est Cameron Diaz avec des yeux de guépard tatoués dans le cou et des motifs de guépard tatoués dans le dos et du maquillage de guépard étalé sur la tronche, ait un jour « baisé sa voiture ». Ah ? S’étonne Mouaif, nous livrant ainsi son premier vrai moment Actor’s Studio du film : il a levé un sourcil. Mais oui, répond Orange!, un soir elle est montée en grand écart sur le pare-brise et elle est allée-venue avec enthousiasme, splotcheu-splotch, jusqu’à l’orgasme. « On aurait dit un poisson-chat ». Splotch est donc très fan des guépards, comme ça nous est suggéré avec subtilité, puisqu’elle aussi est une carnivore insensible. (« SPLOTCH la carnivore insensible », OK, si un jour je réalise un court-métrage le titre est tout trouvé)
Pendant ce temps, des gens d’obédience hispanique se trimbalent partout avec un camion à caca, et dans le camion à caca, des fûts remplis de drogue. Ils vont, ils viennent, en toute bonhommie. Des fois ils se font tirer dessus. Alors ils vont chez Monsieur le garagiste du Cartel, et on a le droit à l’équivalent des petits vidéos de démo de chez Bricorama sur « comment enduire un impact de balle », « comment changer une portière », « comment injecter des antibiotiques du Cartel dans la jambe d’un chauffeur du Cartel », sur une ritournelle joyeuse jouée par des mariachis. (Plingueuh-plong)
Huuuu et Splotch discutent du mariage et de la confession. Derrière moi, les deux abruties qui avaient dit « berk ! » quand Mouaif avait le nez dans le génital de Huuuu disent « je comprends pas ».
Du coup, Splocth va se confesser. On apprend de manière subtile qu’elle ne croit pas en Dieu car ses parents ont été jetés d’un hélicoptère quand elle avait trois ans. Derrière moi, les deux abruties disent : « Euuuuh ». (Ce qui veut aussi dire « je comprends pas »)
Et puis Splocth commandite la décapitation d’un motard.
Ça fait Mmbmmmmêmmmmmmmmmmmmmmm schliptf FROUUUUUM toudoum toudoum doum.
Le motard était le fils d’une client à Mouaif. Il livrait je sais pas quoi à je sais pas qui. « Eeeeeeuh ».
Howdee dit qu’il se casse pour toujours et prend un avion.
Mouaif comprend pas trop ce qu’il se passe, moi non plus, il semblerait qu’il ait énervé le Cartel en faisant libérer le motard parce que la mère lui avait demandé, pendant que Splotch fait des plans pour récupérer des… trucs. « Mais pourquoi ? », demande une des abruties.
Orange! se fait tuer et dépouiller, il avait les guépards Mrrrou de Splotch dans son coffre, ils s’échappent (Je crois qu’ils s’appellent Edgard et Silvia).
Mouaif dit à Huuuuu de la rejoindre dans une ville paumée, mais elle se fait Huuuu-dnapper à l’aréoport. « Mais hein ? » demande une des abruties.
Mouaif va tout seul à Ciudad Juarez, la ville des Cartels où il fait bon vivre, et il geint, il geint, gniiii, parce qu’il n’a pas de nouvelles de sa dulcinée, qu’il n’a rien fait (ou rien que Euuuh et moi on ait réussi à comprendre) et que quand il demande de l’aide aux gens, les gens lui récitent des poèmes et puis raccrochent.
Pendant ce temps Howdee débarque à Londres et invite une blonde à dîner (niqueuh-nique). Le lendemain Niqueuh-nique retrouve Splotch pour lui filer les codes secrets de l’ordinateur de Howdee, où il a tout caché ses comptes secrets de la fortune illégale des Cartels. On sait pas comment Niqueuh-nique lui a arraché, mais bon, j’ai envie de dire, à ce stade, Eeeeuh. Maintenant qu’elle a les codes de l’ordinateur de Howdee, Splotch n’a plus qu’à envoyer des yoggeurs-ninja piquer l’ordinateur en question et laisser Howdee avec un étrangleur automatique autour du cou (on sait ce que c’est par Orange! en avait parlé en détails à Mouaif, sur le moment on s’en foutait parce que ça tombait comme un cheveux sur la soupe, maintenant on s’en fout parce que Euuuuh).
Mouaif reçoit un dvd sur lequel est écrit Hola ! et on comprend que Huuuu est morte en mode LOL-Cartel, Mouaif snirfleuh-snirfle pendant qu’on voit le corps sans tête de Huuu être balancé sur un énorme tas d’ordure.
Splotch, qui garde plutôt bien la banane dans tout ça vu que, quoi qu’il soit en train de se passer, et à ce stade, vu les rires nerveux entendus dans la salle plus personne n’a la moindre idée de ce en quoi ça peut consister, elle était derrière, va au restau. Miameuh-miame, a conclu Collègue Blondinet.
En résumé :
Mouaif, Huuuu, niqueuh-nique.
Mouaif Orange! tation, apapeur.
Mouaif Vrouuuuuum dingding, ouuuuh, pognonpognon.
Orange! Ahahahahstayinaliiiiive, OK
Mouaif Howdee tation, lolilol coupeuh-coupe.
Mouaif Ahahahahstayinaliiiiive, splotcheuh-splotch.
Bamboleooo-bambolea Plingueuh-plong Bamboleooo-bambolea
Huuuu Splotch « je comprends pas ».
Du coup, Splocth Euuuuh.
Et puis Splocth Mmbmmmmêmmmmmmmmmmmmmmm schliptf FROUUUUUM toudoum toudoum doum.
Mouaif Euuuuh
Howdee Vrouuuuuum
Mouaif Euuuuh « Mais pourquoi ? »
Orange! poumpoum. Mrrrou ?
Mouaif Huuuuu Bamboléo ? Huuuuu pas-vrooooom népulà
Vamos à la playa ! gniiiigniiiii, La Cigale et la Fourmi, Huuuu-néhoù ? Népula-bis « Mais hein ? »
Howdee Vroouuum niqueuh-nique.
Niqueuh-nique Splotch Howdee Bamboléo
Yoggeuh-yogge, poum, zwiiip, aaaargl. Euuuuh.
Mouaif Hola ! Huuuu LOL-Cartel, Mouaif snirfleuh-snirfle Huuu troubblblmPOUM.
Splotch. Miameuh-miame.
OK. J’ai tout compris.
Mais je savais pas que Jaffar trempait dans le trafic de drogue. Mais quelle ordure lui alors.
Et ça vous étonne ? cet enfoiré est capable de tout !
Si ça se trouve c’est lui qui a écrit le scénario, en fait.
Et on s’étonne.
Vous faites des phrases avec « Cormac McCarthy » et « espoir » dedans et vous voulez nous faire croire que vous manquez d’optimisme.
En même temps c’est fou le nombre de films qui se résument en « pognonpognon », « niqueuh-nique » et « poumpoum ». Le génie est de savoir y ajouter « Ahahahahstayinaliiiiive » et « Vamos a la playa ». Ou pas.
Ça me rappelle la chanson Cell Block Tango dans Chicago. Sinon on dirait un film de David Lynch en moins prenant
Vous l’avez vu en V.O. sous-titrée ?