C’est arrivé tranquillement sur mon Internet cet après-midi. Pépère.
Quel est le lien entre Frédéric Beigbeder, Eric Zemmour, Nicolas Bedos et Ivan Rioufol ? Ils vont «aux putes», comme ils disent. Ou ils y sont allés. Ou peut-être pas, mais en tout cas, ils ne dénonceront pas leurs copains qui ont recours au sexe tarifé. Ces éminents représentants du sexe fort – «Homos ou hétéros, libertins ou monogames, fidèles ou volages, nous sommes des hommes» – viennent de signer une pétition à paraître la semaine prochaine dans le mensuel Causeur, intitulée «Touche pas à ma pute ! Le manifeste des 343 salauds», qui proteste contre la proposition de loi pour la pénalisation des clients de la prostitution, déposée le 14 octobre par la députée socialiste Maud Olivier. Selon Elisabeth Lévy, la directrice de la rédaction du magazine, la référence au «Manifeste des 343 salopes» répond surtout «à l’envie d’emmerder les féministes d’aujourd’hui». Dont celles d’Osez le féminisme ! qu’elle appelle «les brigades des plumeaux» parce qu’elles «ne s’intéressent qu’au partage des tâches ménagères». Or, Elisabeth Lévy entend défendre «le droit à la différence», «le droit de jouir» et… «la cause des hommes».
(…)L’éditorialiste s’est fait glisser l’idée de ce «Manifeste des 343 salauds» par Frédéric Beigbeder (désormais à la tête du magazine Lui) alors que l’idée de pénalisation du client commençait à prendre chair. Quelques semaines plus tard, elle lui trouvait son titre, «Touche pas à ma pute !»
Source : http://www.liberation.fr/societe/2013/10/29/343-salauds-clament-leur-droit-a-leur-pute_943288
Aahahaha !
Non ? C’est pas une blague ?
Oh merde.
Merde, merde, merde.
Sérieusement ?
Sérieusement.
Je ne sais pas, en ce moment, j’ai l’impression que dans mon parcours virtuel (je suis consciente qu’on finit par faire ses petites traces de bétail qui va toujours aux mêmes endroits, donc l’actu que je vois n’est pas forcément l’actu dans l’absolu), il y a une parole de plus en plus libérée sur la culture du viol, le harcèlement de rue, et bien sûr depuis que cette nouvelle loi est en préparation, la prostitution.
Et c’est bien. Ce sont des mots et des sujets qu’il faut écrire, lire, prononcer, discuter.
Mais putain, des fois, j’ai l’impression qu’il y a une sorte de poisse épaisse qui revient, s’obstine, s’accroche. Par vagues épaisses et nauséabondes.
Et réagir par un « Manifeste des 343 salauds » à l’annonce d’une prise en compte accrue de la fragilité des personnes qui se prostituent, ce n’est même plus une vague, c’est une énorme nausée, un tsunami puant.
Sérieusement. Je me doute que tout le monde est sur le coup, que Madmoizelle va défoncer ce truc ligne par ligne dès demain -j’ai hâte, j’aime bien me rassurer en lisant l’avis des gens qui sont d’accord avec moi, je sais que c’est du faux confort mais des fois c’est nécessaire, ne serait-ce que pour ne pas vomir sur mon clavier.
Par où commencer ? J’en pleure presque devant mon écran.
La référence au Manifeste des 343 Salopes. Oh oui, tiens, prenons un acte courageux, militant, risqué -affirmer que tu as fait quelque chose de puni par la loi pour défendre une cause, d’un point de vue classe, ça me parle plus que de fanfaronner que tu irais bien tirer ton coup- ; une déclaration qui a marqué d’une pierre blanche le long combat pour le droit à l’avortement en France, et ridiculisons-le, ahah, un peu d’humour ne fait jamais de mal. Rien que ça, ça me fend le cœur.
Que ce manifeste soit orchestré par une femme, ça me retourne l’estomac. Pour « emmerder les féministes » ? Vraiment ? Vraiment ? Même si cette personne trouve les combats d’Osez le Féminisme vains, même si elle ne se sent pas concernée, pas solidaire -et pourquoi pas ? Le féminisme, c’est aussi accorder au femmes le droit de ne pas être féministe si ça leur chante-, il reste cette question lancinante : pourquoi ? Pourquoi ? Merde, merde. Qu’est-ce qui la dérange, cette femme ? A priori elle a un compte en banque qu’elle a pu ouvrir sans la signature de son mari. Et elle travaille, aussi, hein. Parce qu’elle a le droit d’ « exercer une profession séparée sans l’autorisation de son mari ». La fête. Grâce à qui ? A de vieux croulants ravis de s’ébattre comme des otaries satisfaites dans des lois faites par et pour les hommes ? Non, meuf. Aux féministes, hommes et femmes. A la lutte. Même si tu n’adhères pas au féminisme tel qu’il est représenté aujourd’hui en France, un peu de respect pour le chemin parcouru. Merde.
Défendre «le droit à la différence». La différence de quoi ? De qui ? Des hommes qui « vont aux putes » ? C’est supposé être quoi, une sorte de néo-dandysme de bon aloi ? Le mythe de la prostituée sympathique et volontaire qui va au charbon avec le sourire et la conscience professionnelle, qui revient tambour battant ? Quelle « différence » ? Bien sûr, que ça a toujours existé. La prostitution a toujours été là. Elle a changé de visage, d’image, mais elle est restée. Parce qu’il y a toujours eu des femmes qui avaient besoin de gagner de l’argent, de se nourrir, et dont le corps était la seule ressource. Il s’agit d’un commerce. D’un commerce qui n’a rien d’anodin. Toute tentative de paillettes, de lolilol, d’invocation de l’hédonisme, n’est qu’une vaste connerie.
On donne souvent le contre-exemple de la femme indépendante qui exerce cette profession par choix. Elle existe peut-être, comme Benoît, l’ami noir des type-du-FN-qui-sont-pas-racistes. Peut-être que c’est elle qui fait l’escort cultivée et enjouée dans les soirées-champagne. Mais elle doit se sentir bien seule, entourée de statistiques qui évoquent des proportions énormes de femmes prostituées contre leur gré ; vendues à des réseaux ; rescapées d’abus sexuel ; accoutumées aux drogues dures pour être rendues plus obéissantes. J’avais lu beaucoup de choses sur la question il y a un temps, pour préparer un récit. J’en étais ressortie avec pour unique envie de me laver, beaucoup. Des images et du discours, ce discours constructeur d’une fiction où la prostitution, finalement, c’est sympa, c’est pas très grave, allez, on est des jouisseurs !
«Le droit de jouir», justement. J’essaye très fort de ne pas faire une fixation sur le fait que dans les signataires annoncés de ce Manifeste, il y a l’avocat de DSK, mais c’est dur. Jouir avec quelqu’un ? Non, jouir de quelqu’un. « Touche pas à ma pute » Comment ne pas y voir un désir assumé de domination ? De possession ? Comment ne pas penser à l’immonde TumblR Prostitueurs qui liste le meilleur du pire des « descriptifs produits » ? Je ne suis pas complètement stupide, malgré mon utérus qui apparemment me condamne à me préoccuper de causes futiles et à pousser des cris d’orfraie quand je me casse un ongle ; je sais que ça sent le buzz facile et la bulle d’indignation éphémère. Mais la stupidité de cette provocation stupide, cet appel à soutenir «la cause des hommes», qu’on va faire passer pour une boutade, en reprochant à ceux qui vont lever le bouclier, prévisibles et indignés, de n’avoir aucun recul, aucun humour ; je marche. Je cours. A fond. Je fais ce qu’on attend de moi : je suis révulsée et « je fais un billet de blog » -oh oui, j’ai tout à fait conscience du mécanisme à l’œuvre.
Ce n’est pas drôle parce que ce n’est pas une boutade.
Je pense que ces hommes sont très sincères quand il demandent à garder intact leur droit à baiser une femme pour de l’argent. Parce que quelque part, la femme, c’est un peu sa place. Comme elle n’est qu’un sexe attendant un certificat de propriété, fût-il à durée limitée. C’est ça ?
Payer pour avoir le droit de choisir sur pièce, de dominer, et ensuite d’aller mettre une seule étoile « parce qu’elle a pleuré tout du long, un peu d’entrain ça ne fait pas de mal ».
Mais enfin qu’est-ce qui peut bien se passer dans la tête d’un type qui pénètre une femme qui ne le désire pas, pour en plus se plaindre qu’elle n’a pas subi avec enthousiasme ? Faut-il être d’une naïveté désarmante ou d’un cynisme sans fond pour exiger qu’un femme contrainte de louer son corps pour servir de sac à foutre le fasse en plus sur l’air de « siffler en travaillant » ?
Si ces hommes cherchent de l’enthousiasme, ils ne cherchent pas une prostituée. Ils cherchent une connexion, et ça, c’est du rapport humain, et c’est rare, dur et précieux. S’ils cherchent un sexe, un cul ou une bouche qui va les recevoir sans rien dire, sans protester, ni argumenter ou demander, alors oui, ils cherchent une prostituée -mais qu’on ne nous sorte pas l’idée de la dolce vita et du rapport sympa entre adultes consentants, car à ce moment-là, on est bien dans la domination. Ils se défendent d’utiliser la violence ; mais le fait qu’elle soit rétribuée ne l’annule pas comme par magie.
Et je croise les doigts pour qu’on ne tombe pas en plus sur l’argument comme quoi « la prostitution aide à limiter le viol ». Je suis féministe, et je crois profondément que les hommes ne sont pas des primates bas de plafond qui ont besoin de niquer toutes les trente minutes sous peine de voir leurs couilles exploser. Je pense que les hommes sont des humains, des humains avec tout ce que ça implique de complexité -et de connardise, aussi. Mais des humains auxquels on n’a pas besoin de tendre une chatte à intervalle régulier, fût-elle gratuite, payante, forcée ou en plastique, sous peine de les voir retomber aussitôt à l’état sauvage. Vous voyez, moi, je n’ai pas peur du vivre ensemble. Je sais que c’est le bordel, que c’est compliqué, que c’est dur ; mais je sais que c’est possible, parce que je le vis.
Mais enfin, vous, qu’est-ce qui vous fait peur ? Qu’est-ce qui vous pousse à vous dresser sur des ergots rétrogrades, vos bites apeurées en étendard, à tenter de retenir ce monde où c’est l’homme qui a raison, qui pousse, qui déchire, qui impose, qui jouit seul ? Juste parce qu’il est né homme ? Au moment où un jeune Saoudien décide de combattre par l’humour la tradition qui interdit aux femmes de son pays de conduire ; vous qui avez la prétention d’incarner le meilleur de la culture française, ne vous sentez pas un brin pouilleux ?
Est-ce que c’est juste de la paresse ? Parce que ouais mon gars, ouhlala, les femmes, mais c’est du boulot, c’est fatigaaant… Mais oui. La vie c’est fatigant. Et grâce à vous, pour les femmes c’est pire. Grâce à vous, à chaque fois qu’on se dit « ah, ça bouge, c’est bien, on y va,on continue », la vague nous rattrape.
MERDE.
Je vous embrasse tout plein de tout mon coeur.
Vous avez sauvé ma journée (et le reliquat de mes envies de socialisation).
J’ai fortement envie de dire merde avec vous. MERDE.
Le droit de jouir. Mais le droit de jouir personne ne vous le dispute, sombres connards. Encore que ce soit pas l’envie qui m’en manque.
Vous emmerdez les féministes d’aujourd’hui ?
La féministe d’aujourd’hui que je suis, dont la mère a accompagné sœurs, copines et inconnues dans des cabinets sombres et insalubres, essayé tant bien que mal de faire en sorte que, peut-être, le matériel et les mains de ces praticiens soient lavés, pour que finalement l’infection évitée ce soit une hémorragie interne qui les amène à l’hôpital, cette féministe-là vous conchie.
Putain, ça fait pleurer. J’ai rien de plus constructif à dire, mais je gueule MERDE avec vous.
Je vais continuer de m’énerver, si vous permettez (j’aime me réveiller en colère), pour signaler que :
Petit un, cette bande de joyeux enfoirés ne sont pas 343 signataires. Pour l’instant, ils sont 19, oui, dix-neuf, pudiquement désignés sous le nom de « premiers signataires » sur le site de Causeur.
Petit deux, le coup des « 343 » me donne tellement envie de chialer que j’en ai oublié de monter au créneau sur le détournement de « touche pas à mon pote ». C’est pensé pour emmerder les anti racistes, c’est pour faire plaisir à Éric Zemmour, ou c’est gratuit, je vous l’emballe ?
Heureusement que vous êtes là, Impératrice, pour me fournir la réjouissante image mentale de ces 19 là cul-nu, leur bite apeurée en étendard.
Très intelligente réponse de la présidente du STRASS ici :
http://www.lexpress.fr/actualite/manifeste-des-343-salauds-l-abjection-n-a-plus-de-limites_1295514.html
Ah, et en vrai ils ne sont que 19, dont le matin de Frigide (j’aime ma timeligne Twitter bourrée de féministes réactives <3 )
*mari, pardon.
Moi aussi je me suis réveillée encore furieuse.
Je sais aussi que lire trois articles ne fait pas de moi une spécialiste et que j’ai sans doute comme beaucoup, une image très déformée de ce qu’est vraiment la prostitution ; mais justement, pour une fois malheureusement, il suffit d’être une femme pour trouver ça gerbant. Parce que la violence des rapports que cette merde sous-entend est énorme.
RHA putain ça recommence.
Vous avez laissé de côté le « touche pas à mon pote », qui m’avait fait bondir aussi, mais je n’avais pas asse de courage pour me désoler en plus du cynisme qui a fait que les grandes causes de la fin du XXè sont devenues les blagounettes de machistes ultra-friqués du XXIè.
Dis, qu’est-ce qu’on rigole, entre couilles, hein. On est payé très cher pour passer à la télé, parler bouquins, passer 6 mois de vacances par an au soleil, ahaha, la vie est belle, elles nous font chier les harpies sans humour qui vont monter sur leurs grands chevaux.
Je ne me suis pas non plus étendue sur cette légitimité de classe à dominer le monde -et donc les femmes, mais pas que. Finalement -et c’est ça que me faisait tiquer sur l’avocat de DSK-, il ne s’agit pas que de dominer les femmes, il s’agit de dominer tout court. On rétribue par de l’argent mais eh, entre vous et moi, on sait bien que les gens comme nous ont le droit de faie un peu ce qu’ils veulent, non ? Et finalement, c’est plutôt sympa de notre part de dédommager…
Et franchement je trouve ça immonde pour les autres hommes, aussi. Ceux qui font partie de ma vie (qui ne sont pas des anges non plus) ne résonnent pas comme ça. But then again, ce sont des connards de prolos…
Merde, c’est reparti.
J’ai l’impression que, en ce qui concerne les femmes, c’est toute la vie qui est une mauvaise blague.
La culture du viol, le recul du droit à l’avortement, l’objétisation, toutes ces violences quotidiennes, j’en ai par dessus la tête.
J’avais lu un jour que l’avancée des droits de la femme était une sorte de révolution calme, la seule au monde. Il serait peut-être temps d’arrêter d’être calme, ça nous réussit pas !! :/
Et oui MERDE!!!!!
Alors c’est vrai il faut retourner au combat…ce ne sera jamais finit….
Merci de le dire si fortement…
C’est tellement bien, ce truc, chaque fois qu’on y revient, on trouve d’autres raisons d’avoir envie de leur vomir sur les chaussures.
On a le droit d’etre un homme et de trouver ca deplorable (le manifeste machin, la, dont rien que le titre me donne envie de passer a tabac les auteurs, pas le billet que tu en fais, Chere Imperatrice)?
On a le droit de demander a ces soi-disant « tetes (de noeud) pensantes » de fermer leur gueule, pour que les femmes comprennent bien que non, tous les hommes ne sont pas d’accord avec ce que se dit?
Apres, parce qu’il faut aussi savoir etre plus leger, quand meme, j’ai beaucoup ri a l’idee des couilles qui explosent si on ne nique pas toutes les 30 minutes.
Ah et j’ai une lime a ongle dans ma besasse (j’ai horreur des ongles qui se cassent, aussi, meme si je vais pas jusqu’a pousser des cris d’orfraies), vous croyez que du coup mon avis compte moins? J’sais pas, du genre je suis un sous-homme, du coup?
Et pour finir?
MERDE.
faut regarder ça!
http://343connards.fr/
Je suis d’accord avec vous pour dire que ce manifeste des 343 salauds, c’est du grand n’importe quoi. C’est nul d’avoir utilisé la référence au manifeste des 343 salopes qui était un acte vraiment militant et vraiment courageux (contrairement à celui de ces 343 connards qui n’est ni militant ni courageux). C’est nul (ou au minimum maladroit) d’avoir mis comme titre « Touche pas à MA pute » (l’emploi du possessif, sérieusement ? O_o)
Quant à la liste des signataires, elle est en bonne partie gerbante (Eric Zemmour ? Wouah ! C’est dire l’empathie qu’on les signataires pour les travailleuses du sexe >_<).
Cependant, vous semblez être contre la prostitution en elle-même. Je ne vous ferait pas l'insulte de vous faire un discours comme quoi c'est une fatalité ou que c'est un remède contre le viol (d'ailleurs, autant je pense qu'il y aura probablement toujours de la prostitution – et que quitte à ce qu'il y en ait, autant que ce soit dans les meilleures conditions possibles pour les travailleurs et travailleuses du sexe -, autant le fait que ce soit un remède contre le viol, je n'y crois pas un seul instant).
Non, mon propos, c'est que, si, contrairement à ce que vous semblez croire, il y a des femmes et des hommes qui choisissent de leur plein gré de faire ce métier. Et quand bien même la proportion de gens qui font ça par choix ne serait que de 10% contre 90% de personnes forcées ou totalement désespérées, il faudrait quand même faire en sorte que ces 10% puissent exercer leur métier dans de bonnes conditions (au niveau de l'hygiène, de la santé, du confort… et d'une manière générale des droits !)
De plus, j'avoue trouvé étonnant qu'on mette systématiquement dans le même panier les gens qui décident de faire ce métier volontairement sans que personne ne les y ait obligés et les filles de l'est à qui on raconte qu'elles seront danseuses, puis qu'on met de force sur le trottoir, à qui on prend tout leur fric et qu'on bat si elles rechignent à la tâche. Ces dernières ne sont pas des travailleuses du sexe, ce sont des esclaves. Et quand bien même elles forment apparemment (et hélas) le gros de la prostitution, il n’en reste pas moins qu’il s’agit là de trafic d’humains et que c’est d’ores et déjà puni par la loi. On ne peut pas comparer leur situation à celles des vraies travailleuses du sexe, ça n’a absolument rien à voir.
D’ailleurs, à ce sujet, Abraham Lincoln, il a aboli l’esclavage que je sache, il n’a pas aboli l’agriculture. Pourquoi ? Parce que manifestement Lincoln savait faire la différence entre un mec qui cultive sa terre volontairement et sans contrainte et un Africain amené de force, non payé et battu. C’est pas l’agriculture le problème, c’est le trafic d’être humains.
Et quand on découvre un atelier de couture clandestin où des ouvriers sans papiers sont exploités ? Est-ce qu’on parle d’abolir la pratique de la couture ? Non, ce n’est pas la couture le problème, c’est le trafic d’êtres humains.
Quand on découvre qu’un couple de bourgeois a séquestré une femme sans papier pour la forcer à faire le ménage et ne pas la payer en retour, est-ce qu’on interdit aux gens d’embaucher des domestiques ? Là encore, le problème, c’est l’esclavage, c’est le trafic d’êtres humains.
Pour la prostitution, c’est pareil. Et pourtant, à cause des médias, à cause du fait qu’il est question de sexe (et que manifestement c’est toujours un sujet tabou), à cause de la sacralisation du corps de la femme, à cause du déni du droit de la femme à disposer de son propre corps (car c’est bien de ça qu’il s’agit), à cause des expressions toutes faites qui ne veulent rien dire. Bref, à cause de tout ça, les gens mélangent tout et, pour des questions d’ordre moral ou éthique ou je ne sais quoi d’autre, ils confondent dans la joie et la bonne humeur travailleurs du sexe et esclaves.
Tiens, à propos de ces expressions toutes faites susmentionnées, faisons le point là dessus si vous le voulez bien : Les travailleuses et travailleurs du sexe ne vendent pas leur corps, pas plus qu’ils ne le louent, ils et elles vendent une prestation sexuelle. Point barre.
Bien sûr, il est probable que je parle dans le vide, que la plupart des gens ne liront pas ce commentaire, ou ceux qui le liront seront outrés, voire qu’ils m’insulteront et qu’ils se mettront à faire des comparaisons stupides avec les dealers de drogue ou autre. Oui, j’y ai eu droit : apparemment, pour certains, se prostituer, c’est la même chose que de vendre de l’héroïne – ai-je besoin de préciser à quel point cette comparaison est grotesque ? -, j’espère que les lecteurs de ce blog seront plus constructifs et surtout plus ouverts, malheureusement, je sais bien qu’il n’en sera rien et que tout le monde restera campé sur ses positions… y compris moi.
Cela étant, et si vous arrivez jusque-là (désolé d’être si bavarde, mais même si je n’y crois pas vraiment, je tiens à être comprise), je vous invite tout de même à faire deux choses :
D’une part, regarder l’excellent épisode de la saison 3 de Borgen (excellente série diffusée par Arte) où il est justement question d’abolition de la prostitution, où l’héroïne est amenée à revoir son point de vue en cours de route et qui est intitulé « L’enfer est pavé de bonnes intentions »
D’autre part, de lire cet article qui démontre bien la connerie de certaines personnes abolitionnistes qui se croient féministes (je vous conseille de vous accrocher, certains extraits sont particulièrement révoltants) : http://yagg.com/2013/10/30/le-magazine-causette-derape-sur-la-prostitution/
Maria Ferrari : C’est dingue comment je vous rejoins sur quasi tout les points.
Chère Maria Ferrari,
je trouve votre avis très intéressant, je pensais comme vous récemment. Je me disais que la « Légalisation » était probablement la meilleure alternative, convaincue aussi que « Il y aurait toujours de la prostitution » alors à quoi bon.
J’ai eu la chance d’organiser un débat à Lyon au mois de Mars, dans lequel nous avions invité Lilian Matthieu, sociologue et spécialiste de la question depuis plusieurs années, et un membre du NID, un mouvement favorable à l’abolition totale de la prostitution.
Avant de continuer, petite parenthèse : je suis une grande lectrice de causette, et j’ai aussi été choquée par leur dernière double page. Les abolitionnistes dont je vous parle sont des gens qui sont sur le terrain, qui vont à la rencontre des prostituées pour les informer qu’ils sont là, si elles ont besoin.
Leur structure les aide, si elles le souhaitent et si elles le peuvent, à se sortir de la prostitution pour vivre d’autre chose.
Nous avions organisé ce débat pour essayer d’y voir plus clair. Depuis quelques temps, je ne savais plus vraiment quoi penser, entre abolition ou légalisation (pour faire simple), et avec plusieurs amies, nous avons rassemblé ces gens pour qu’ils nous parlent de la réalité du terrain. Pour tenter de comprendre.
Je suis désormais convaincue qu’il faut à tout prix lutter contre toute forme de prostitution.
Ceux et celles dont vous parlez, ceux qui « choisissent » sont trop peu nombreux. Bien moins de 10%.
Dans ceux qui disent avoir « choisi » ce métier, à votre avis, combien l’ont réellement choisi parmi plusieurs options ? Pensez vous que 10% des personnes qui se prostituent avaient le choix entre travailler à carrefour, dans un café, comme journaliste, et parmi ces choix ont choisi de ce prostituer ?
Les invités au débat ne nous ont pas donné de chiffre, mais après avoir silloné les rues de Lyon pendant des années, à la rencontrer de tous ces prostitués, ils n’en avaient jamais rencontré.
Car même ceux qui aujourd’hui disent se contenter de cette situation n’ont pas d’autre choix pour échapper à la précarité. Est-ce vraiment un choix ?
Vous évoquez aussi la possibilité pour une femme de disposer de son propre corps, éventuellement en se prostituant. Dans la théorie, bien sûr, je suis entièrement d’accord à vous. Mais dans la théorie seulement.
Croyez vous vraiment que les femmes qui doivent vendre leur corps pour des prestations sexuelles (pour moi c’est la même chose) sont libre de disposer de leur corps ? Si on ne veut pas de ce client là ? Peut-on en choisir un autre ?…
Il n’y a pas de liberté dans ce monde là. Aucune.
Et ce qui est le plus scandaleux et révoltant dans tout ça, c’est que les signataires du manifeste osent invoquer leur propre liberté « D’aller aux putes ».
Alors même si la loi change de façon radicale et que toute forme de prostitution est interdite (et que la loi est appliquée… autant dire que nous en sommes encore loin), je ne me fais pas de souci pour ceux et celles qui choisissent délibérément cette activité professionnelle. Ils trouveront des solutions pour continuer à exercer.
Et on aura beau dire que la prostitution existera toujours, je n’y crois plus.
Lorsque l’on a voulu abolir l’esclavage, bien des gens disaient qu’il existerait toujours. La preuve, il avait toujours existé.
On ne l’a malheureusement pas erradiqué, mais on a au moins réussi à faire entrer dans les mentalités que l’esclavage n’est pas quelque chose de socialement acceptable.
Je crois très sincèrement que nous devons faire pareil avec la prostitution.
Je rejoins Clemounours sur son avis.
Maria Ferrari > Merci pour ce commentaire.
Ce billet a été écrit avec beaucoup de colère, d’abord (c’est pour ça que je suis vaguement propriétaire de blog et pas journaliste), et c’est vrai que je n’ai pas forcément été exhaustive -je n’en avais pas la prétention.
Votre commentaire m’intéresse et me permet justement d’être un peu plus complète.
Suis-je abolitionniste ? C’est curieux que vous pensiez de facto que oui, car en fait je ne m’étais jamais vraiment posé la question.
Pour beaucoup de raison, et certaines d’entre elles ne sont pas particulièrement joyeuses (et parfois un peu contradictoires avec mon assertion selon laquelle les hommes n’ont pas besoin de se vider les testicules pour retrouver un comportement humain), je ne pense pas que la prostitution puisse être interdite.
Proposer aux travailleurs du sexe des possibilités accrues de travailler dans de meilleures conditions ? Mille fois oui.
Laisser aux hommes et aux femmes qui pratiquent ces métiers le droit à décider et à disposer de leur corps ? Dix mille fois oui, bien sûr, qui suis-je pour discuter ce droit fondamental ?
Et par ailleurs, j’ai reconnu en préambule ma connaissance superficielle du sujet.
MAIS.
Mais si on reconnaît une partie de fantasme sur la personne prostituée mineure importée d’Asie ou d’Europe de l’Est, battue et littéralement possédée par des réseaux tentaculaires, alors il me semble également important de reconnaître la part de fantasme dans l’image inverse, celle de la personne qui a choisi volontairement, librement, de se prostituer. Et limite, qui kiffe.
Et même si cette perspective me rassurerait davantage, elle me semble moins vraisemblable.
Et surtout, dangereuse, parce que c’est celle avancée par les vingt pauvres abrutis qui ont signé ce fameux manifeste -non, ils ne sont pas 343-. Alors que pour moi -et peut-être que je me trompe, mais c’est ce que je crois, la violence inhérente à ce genre de rapport m’empêche de voir ça comme quelque chose de sain, de simple. Et je suis prête à concéder qu’il y a une part d’idées reçues et de désinformation à l’œuvre, mais enfin, c’est ce que je sens. C’est tout.
Petite précision : ce sujet me choque bel et bien, mais pas à cause « de la sacralisation du corps de la femme ». En tant que réceptacle sacré de la vie ou une connerie du genre… Non, mais en tant que corps humain, oui. Oui, pour moi un corps ce n’est pas rien. Je sais qu’on peut couper les ponts, distancier ; baiser et s’en foutre, ça, oui. Mais de là à affirmer qu’on peut se faire ravager physiquement et que ça n’ait aucune importance, non.
Autre chose : « les travailleuses et travailleurs du sexe ne vendent pas leur corps, pas plus qu’ils ne le louent, ils et elles vendent une prestation sexuelle. Point barre. ». Encore une fois, sur le principe, je peux être d’accord et entendre l’argument. Mais je ne peux pas non plus jouer les blasées et prétendre que je vois ça comme une simple transaction commerciale. Et le refus de vente dans ces cas-là, il se passe comment ?
C’est aussi pour ça que c’est compliqué, parce que je pense que les gens qui cherchent à acheter ces prestations sexuelles cherchent davantage qu’en achetant un Big Mac. Et l’émotion rend la violence encore plus probable.
Donc oui, pour protéger les travailleurs du sexe.
Oui pour admettre la part d’idées reçues et de tabou liée au sujet, aussi.
L’abolir ? Idéalement, pourquoi pas, sauf si bien sûr on pouvait le faire en garantissant que ce marché qui continuerait d’exister ne se ferait pas dans des conditions encore plus dangereuses pour les « vendeurs ». Et là en revanche, on a l’air tous d’accord pour dire que ce n’est pas possible…
Mais être pour la prostitution ? Eh bien, je n’y avais jamais réfléchi en détails, mais non. Je ne trouve pas que ce soit anodin, je ne trouve pas que ce soit nécessaire (si je m’en réfère à mon petit rêve d’humanité parfaite qui mange des arcs-en-ciel…), et agiter des banderoles en criant youpi, non plus.
Ah oui pardon, du coup ça m’a pris tellement de temps de répondre que je n’avais pas tout vu.
Merci à tous les commentaires et à Clemounours aussi.
Merci. Cet article est parfait. J’ai exercé le métier d’hôtesse dans un bar à champagne pendant près d’un an, métier qui, s’il n’est pas de la prostitution à proprement parler, s’en rapproche beaucoup. Je ne regrette pas du tout d’avoir travaillé là dedans, mais ce que j’y ai vécu m’a marquée, et les hommes qui revendiquent leur « droit de jouir », j’en ai vu plus qu’il n’en faut. Leur lâcheté, leur faiblesse, mille petits détails et histoires sordides qui font que je frissonne aujourd’hui quand je lis ce genre de chose. Et votre article, Altesse Impériale, eh ben ça fait du bien.
Du bisou dans votre face.
Si je dis que c’est fou, ce que je suis d’accord avec vous, Impératrice, on va m’accuser de faire de la lèche (majesté) ?
Question rhétorique que je ne pose que pour le jeu de mot pourri.
Chère Pétronille et chère Clemounours,
Déjà, pour commencer, je suis heureuse (et soulagée) de constater que mon commentaire n’a pas reçu de réponse violente et que des personnes (dont vous) ont pris soin de le lire, d’en soupeser les arguments et d’y répondre posément. Pour ça, je vous remercie chaudement car les commentaires sur internet me font toujours un peu peur (c’est pour ça qu’en général, non seulement j’évite d’en laisser, mais j’évite aussi de lire ceux des autres – surtout dans l’ambiance xénophobe et homophobe qui semble régner en ce moment et qui trouve son apogée dans l’anonymat du net).
Pour le reste, il serait faux de dire que je suis « pour » la prostitution, je ne suis pas pour, pas plus d’ailleurs que je suis contre. Je suis pour le fait que les gens, quels qu’ils soient, puissent exercer leur métier dans les meilleures conditions possibles, quel que soit ce métier (sauf si c’est tueur à gage, dealer d’héroïne ou un truc dans ce goût-là bien évidemment ^vv^ » »).
Et justement, il me semble que le meilleur moyen pour que ces personnes travaillent dans les meilleures conditions possibles serait de faire en sorte qu’ils aient un vrai statut, et ainsi arrêter de les précariser (et la loi qui est à l’étude actuellement contribuerait à précariser un peu plus la situation de ces femmes et de ces hommes en pénalisant leurs clients, et donc eux indirectement).
Et je pense qu’il y aurait sûrement moyen en leur donnant ce vrai statut, en légalisant vraiment leur métier (plutôt que leur laisser le cul entre deux chaises), de lutter plus efficacement contre le trafic d’êtres humains dont non seulement les esclaves qui en sont victimes souffrent, mais aussi indirectement les personnes qui font volontairement ce métier.
Et je le répète, peu importe que les gens qui fassent volontairement ce métier soit en faible proportion (j’ai dit 10%, j’aurais pu tout aussi bien pu dire 5 ou 20, ou même seulement 1, peu importe), on se doit de faire en sorte que ceux-là et celles-là puissent exercer leur métier de façon libre et dans les meilleures conditions possibles, tout en faisant en sorte de lutter contre les gens qui mettent de force des filles sur le trottoir. Et aussi en faisant en sorte que celles et ceux qui se sont retrouvés à faire ce métier certes volontairement mais dans le même temps en détestant ça (et donc en finissant par se détester eux-mêmes) puissent accéder à des formations qui leur permettent d’accéder à autre chose… mais ça, je dirais que c’est un autre problème. Quand t’as pas le choix, tu te retrouves à faire des métiers que jamais de la vie tu n’as souhaité les faire, et y a pas que se prostituer qui figure sur cette liste, je pense.
Quant au « refus de vente », je pense qu’il est possible. Les clients auxquels, pour une raison x ou y, on ne peut pas ou on ne veut pas accéder aux demandes, on en trouve dans pratiquement tous les métiers. Et dans ces cas-là, y en a qui peuvent se montrer désagréables, voire hargneux, voire menaçant, voire même violents.
Après, je ne chercherai pas à nier que le risque de se retrouver face à ce genre de client est probablement beaucoup plus élevé pour les travailleurs/ses du sexe que pour n’importe qui d’autre. Mais là, ai-je envie de dire, le problème vient-il vraiment directement du métier en question ? Ne viendrait-il pas, plutôt, de l’éducation que reçoivent les hommes dès leur plus jeune âge ? Les hommes sont-ils suffisamment élevés dans le respect des femmes ? Aujourd’hui probablement plus qu’hier, mais est-ce assez ?
Je précise, à tout hasard, que le simple fait d’être client d’une travailleuse du sexe ne signifie pas pour autant qu’on ne respecte pas les femmes, et qu’on ne respecte pas la travailleuse du sexe en question.
Je pense qu’il faut vraiment inculquer dans la tête des gens (et notamment dans celles de ceux qui vont voir les travailleurs/ses du sexe) que les travailleurs/ses du sexe sont des êtres humains à part entière, qu’on leur doit le respect, et que comme pour n’importe qui : « non, ça veut dire non »
« Non, je ne fais pas ce genre de prestation »
« Non, pardon de vous dire ça, mais vous n’êtes pas suffisamment propre »
« Non, hors de question de faire ça sans capote. Comme vous comme pour moi, ce n’est pas une bonne idée »
Et ça, c’est avant tout une question d’éducation.
Il fut une époque il n’y a pas si longtemps (et même encore aujourd’hui) où on entendait des trucs du style « celle-là, faut pas qu’elle s’étonne si elle se fait violer » dès que la jupe portée était un peu courte. Et donc, si ça lui arrivait, c’était de sa faute, elle l’avait bien cherché. Et par la même on minorait le crime commis.
Dans le même raisonnement, pas mal de gens ont dans l’idée qu’une prostituée ne peut pas se faire violer. Parce que bon hein c’est son métier donc c’est techniquement impossible. Sauf que si, c’est possible. Si elle a refusé de livrer une prestation (peu importe la raison) et que son « client » (qui en l’occurrence n’en est pas un mais un violeur) passe outre son refus et la force, c’est un viol. Et elle doit pouvoir porter plainte. Et sa plainte doit être prise au sérieux. Et le violeur doit être condamné de la même façon et avec la même sévérité que si sa victime avait été une fille de bonne famille bien propre sur elle.
Donc, si, le refus de vente existe bel et bien. Peut-il actuellement dans le cas des travailleuses du sexe s’exercer dans de bonnes conditions ? Dans certains cas, sûrement… dans d’autres non… mais l’éducation peut remédier à ça.
Et le corps des travailleurs/ses leur appartient, il leur appartient avant, pendant et après la prestation sexuelle tarifée. L’expression « vendre son corps » est abusive et totalement erronée, pardonnez-moi d’insister là-dessus.
Bien sûr, la prostitution est un sujet délicat et complexe. Parce que le sexe quoi qu’on en dise reste un sujet à part. Et parce qu’il y a beaucoup trop de filles qui pratiquent ce métier contre leur gré (et qu’il y en aura toujours trop tant qu’il n’y en aura plus aucune, parce que même s’il n’y en avait qu’une seule ce serait une de trop). Mais pour ce dernier point, je ne crois pas que l’abolition soit une réponse (et vous Pétronille semblez d’accord sur ce point), je pense au contraire que ça ne fera qu’aggraver les choses en précarisant et en « invisibilisant » (désolé pour ce néologisme) encore plus les vrai(e)s travailleurs et travailleuses du sexe.
Non, la réponse, selon mon avis (mais je ne prétends pas avoir toutes les clés), c’est :
1) un vrai statut pour les travailleurs/ses du sexe avec une vraie protection sociale et une législation les protégeant vraiment au lieu de les précariser (en prétendant bien évidemment les protéger : « l’enfer est pavé de bonnes intentions »)
2) éduquer, éduquer, éduquer, éduquer (oui, je le répète plusieurs fois parce qu’il faut le faire beaucoup) éduquer les hommes pour leur dire que les femmes ne sont pas des paillassons, qu’elles sont leurs égales, qu’ils leur doivent le respect, et que le simple fait que certaines femmes soient des travailleuses du sexe ne change rien à ça : les travailleuses du sexe ne sont pas plus des paillassons que les autres femmes et rien ne les oblige à exécuter vos quatre volontés sur le simple prétexte que vous les payez. Et elles ont le droit (voire le devoir si vous ne remplissez pas les conditions d’hygiène requis ou que vous refusez de mettre une capote) de refuser de vous livrer les prestations demandées car elles sont libre d’user de leurs corps comme bon leur semble, pas comme bon vous semble.
Accessoirement, cette éducation contribuera non seulement à améliorer les conditions de travail des travailleuses du sexe… mais aussi les conditions de vie des femmes en général ^__^
Voilà mon idée, je suis peut-être naïve et foncièrement utopiste, mais je pense que le monde peut évoluer dans ce sens et que ça peut marcher. Il faut peut-être simplement s’en donner les moyens.
Oh, et pour répondre à certains points précis :
« Mais de là à affirmer qu’on peut se faire ravager physiquement et que ça n’ait aucune importance, non. »
Y a-t-il forcément ravage physique dans tous les cas ? Je ne suis pas sûre, je n’en sais rien, j’avoue n’avoir pas pensé à ça.
Mais même en admettant ça, ce métier serait-il le seul à ravager physiquement ? Vous auriez vu l’état du dos de mon grand-père, c’était une vraie pitié, tout raide, les côtes soudées et je l’ai toujours connu comme ça ! Et c’était à cause du boulot qu’il était comme ça tout tassé à pas pouvoir se baisser.
Et toutes les maladies professionnelles qui existent… non, vraiment, ce métier est loin d’être le seul à ravager physiquement… malheureusement, ai-je envie d’ajouter.
« c’est celle avancée par les vingt pauvres abrutis qui ont signé ce fameux manifeste -non, ils ne sont pas 343- »
En fait, ils ne sont même que 19 à ce que j’ai lu ^0^ (ce qui renforce le côté ridicule et pathétique de leur « manifeste », bien fait pour leurs poires ;p)