Toi aussi pour la rentrée, commande un enfant mort ! 4

Qu’on me comprenne bien, il est essentiel que la Shoah soit un sujet de parole et de discussion. Tout comme l’esclavage, la Révolution et la guerre des Balkans. Tout comme toutes les horreurs qui jalonnent notre histoire mondiale. Parce que, et même si c’est une illusion elle est chère ? beaucoup de personnes, de cette manière on peut espérer ne pas reproduire les mêmes erreurs (humhum).

Mais en tant que parent potentiel, en tant que grande soeur, je ne suis pas d’accord pour qu’on oblige un môme de 10 ans ? porter la mémoire d’un enfant mort.

Les programmes d’Histoire parlent de la seconde guerre mondiale. Ils parlent d’Anne Franck, une figure qui personnifie bien cette époque horrible. Il faut apprendre tout ça aux enfants.

Mais il faut aussi leur laisser le temps de s’impliquer et de découvrir ? leur rythme.

Le Journal d’Anne Franck a été pour moi une lecture traumatisante, mais je n’ai jamais regretté de m’y être plongée. Ni de le relire, des dizaines de fois. Mais je n’étais pas seule face ? cette lecture. Mes parents, mes grands parents étaient l? pour répondre ? mes questions, pour m’aider ? assimiler cette partie de l’histoire, ce massacre, l’assassinat de cette petite fille que je ne connaîtrais jamais. Et c’était vital.

Si un enfant entouré, accompagné, a été heurté par une telle lecture, comment vont réagir des enfants auxquels on aura dressé un portrait encore plus vivace ? Tiens, il habitait dans la même rue que toi, et puis une nuit, au moment le plus sombre, quand il était bien au chaud dans son lit, des soldats sont venus l’arracher ? sa maison, ? sa famille, ils l’ont emmené dans un camp où il est mort de faim, d’épuisement, de maladie.

Youhou ! Super sécurisant non ?

Et qu’est-ce qui se passe si, comme des milliers d’enfants dans ce pays, le gamin rentre seul chez lui et y reste, toujours aussi seul, jusqu’au soir, parce que ses parents travaillent ? Eh bien rien. Il prend son goûter avec son enfant mort, il fait ses devoirs avec son enfant mort, trop bien, mieux que la télé !

L’imagination est une force phénoménale. Il y a déj? suffisamment de choses dont il faut prévenir et protéger les enfants ? cet âge-l? , et qui peuvent solliciter leur imagination pour donner naissance ? des monstres atroces et terrifiants. Le monsieur qui a voulu lui toucher le kiki ? la piscine, sa grand-mère qui est morte et ne reviendra pas, le CM2 qui lui fiche une peur bleue dans la cour et lui pique son goûter… La vie d’un enfant, c’est compliqué !

Qu’il sache qu’un génocide s’est produit pendant la seconde guerre mondiale est important, mais est-il nécessaire qu’il le ressente ?

Et puis pourquoi plus particulièrement la Shoah ? Et le Rwanda ? Le massacre des tchétchènes ? Comment établit-on une hiérarchie de l’horreur ?

Et si on laissait les recommandations sur les programmes éducatifs ? des professionnels de l’éducation, hein ?