Ce soir sur vos écrans 10

 » D’origine modeste, Simon a toujours répondu aux attentes de sa famille en menant de brillantes études. Fraîchement diplômé d’une grande école de commerce, il va bientôt épouser Sylvie, enceinte de quelques mois. Pour sa famille et pour Sylvie, Simon représente l’espoir d’un avenir meilleur. Pourtant, tous les entretiens d’embauche de Simon se soldent par un échec, car la motivation n’y est pas. Afin d’assumer sa charge familiale et paternelle, il demande ? Gino, le meilleur ami de son père, de l’engager comme apprenti dans sa petite entreprise de maçonnerie, le métier dont il a en réalité toujours rêvé. Il sait qu’il trahit ainsi la parole faite ? son grand-mère mourante de ne jamais devenir maçon… « 

Magnifique ! Après la fiction-terroir, où des citadins s’incrustent dans la France « des régions » où ils sont soumis au jugement, puis ? l’acceptation (parce qu’au fond, ils ont bon cœur, ces bouseux, allez ! ) des gens du cru, France Télévision se lance dans la fiction-travaux-manuels, où on comprend bien que quand même, c’est bien joli de faire des études, mais le BTP recrute, alors au lieu de se toucher le cerveau, vaut bien mieux aller mettre les mains dans le cambouis.

Venant d’une famille où se côtoient plus ou moins tous les corps de métiers (du fleuriste au RMiste ? l’éditeur en passant par la Lorraine avec mes sabots), le concept de « tous les métiers sont respectables, ? la limite ne reviens pas avec un dealer de bébés-chiens pour soirées privée mais sinon ça va » ne m’est pas totalement étranger.

Mais il semblerait qu’il soit urgent d’éduquer les masses et de répandre la bonne parole. Oui travailler de ses mains, c’est bien. Youhou, super, c’est nouelle !

Maintenant opposer systématiquement travail manuel et « intellectuel » (oui, bonne idée, va construire une maison, poser un plancher, refaire l’électricité, tu vas voir qu’il n’y a pas du tout besoin de réfléchir…), ça me semble un raccourci assez étrange.

Ce morceau de fiction française semble passer assez rapidement sur un point qui pourrait vraiment nous préoccuper (je dis « nous » puisque je m’associe aux millions de fans qui ne manqueront pas d’exprimer un assentiment total) : pour devenir maçon, bibliothécaire, journaliste alors qu’on allait faire autre chose, encore faut-il avoir le choix.

Or si vous pouvez trouver des histoires trop super émouvantes de chef de pub qui a vidé son coquet compte en banque dans un établi de maroquinier ? 40 ans, après avoir fait engranger des millions de pépettes ? des marchands de soupe et/ou d’armes, des histoires de gamins qu’on a casé en 5è techno et qui finalement se disent « ouah, tiens, je vais faire avocat », et hop, y’en a nettement moins.

Et c’est pas avec une sélection et une orientation forcée qui ont lieu de plus en plus tôt que ça va changer.

Ouaaais, je dénonce, j’ai même pas peur !

C’est surtout que c’est dégueulasse qu’on s’en prenne ? TF1 tout le temps, chacun son tour.

PS : vous remarquerez que dans la classe travailleuse, pour économiser les repas et les lits, on est ? la fois homme et femme (« son grand-mère mourante « ).