Le timing, mesdames et messieurs, le timing.
Je fais partie des gens pour lesquels rien n’est jamais assez bien (enfin je suis pas trop trop pénible parce que ça s’applique à ce que je fais, moi) (par exemple si Gonzague met une chaussette, je fais la hola)(je trouve mes amis formidables)(je suis jalouse de tout le monde).
Et alors donc quand il se passe des choses trop cool, quand je finis par en parler, on me dit « haaaan tu es contente ? » et la réponse est souvent « oui, mais ». Je vous explique un peu. Par exemple. Les livres Minuscule. J’étais fière et ravie OUI, MAIS y’a six mois.
Faire un livre, c’est très très long en fait.
J’essayais de réfléchir à ça pour trouver une métaphore un peu adaptée et arrêter de me faire engueuler par mes potes, tant qu’à faire, et j’ai trouvé l’image suivante : faire un livre, c’est un peu comme se faire un maillot intégral.
(Stay with me on this one)
(Non mais vous pouvez remplacer par autre chose, mais pour moi ça marche bien).
Donc, tu te fais un maillot intégral. D’abord, que ce soit bien clair, tu douilles beaucoup. Des fois, beaucoup et longtemps (que celui ou celle qui ne s’est jamais retrouvé-e à marcher en grenouille avec la dernière bande collée aux muqueuses en maudissant le Ciel parce que là, non, c’était plus possible, toute cette souffrance, c’était plus possible, et jusqu’à quand ça va s’éterniser, cette merde ?, me jette la première pierre).
(A noter que personne ne t’a obligé à aller t’arracher les poils du cul hein)(souviens-toi, souviens toi du 5 novembre tu le fais par plaisir).
Ensuite ? Ensuite, tu as la chatte en oeuf de caille et quand tu peux enfin remarcher après deux jours, tu es ravi. RAVI. Tu as envie de le dire à tout le monde (mais tu ne dis pas à tout le monde que tu as le pubis en mode boudin blanc, non, parce que ça ne se fait pas)(et puis c’est un peu perso, cette histoire)(tu as peur de te la péter).
Un livre, c’est trop bien, tu as trop envie de le montrer à ta famille et à tes potes de toujours. Mais je te le donne en mille, tu peux pas (en tout cas moi perso je préfère que chacun garde ses muqueuse de par-devers soi et les orteils seront bien peignés). Tu aimerais le tenir dans tes bras et le serrer contre toi toujours mais t’es pas très très souple et encore une fois, on m’a enseigné que ça ne se faisait pas de te tâter les parties en gloussant de joie.
(Clairement je suis une minorité parmi les usagers du métro parisien de ce point de vue, mais c’est l’éducation, on ne se refait pas).
Tu cesses d’être ravi, parce que le tous les jours.
Et après ? Ben après, ça chauffe, ça gratte, tu choppes une infection parce que s’enlever les poils des endroits où ils sont supposés pousser, c’est mal.
Et encore après ? Après tu fais plein d’autres trucs, c’est l’hiver, et puis soudain on te parle d’un autre projet.
Et le moment où ton livre sort, tu as très probablement oublié tes dix minutes de joie intense d’il y a six mois. Potentiellement (si tu as de la chance), tu es peut-être même en train de marcher de nouveau en grenouille à chercher le courage d’arracher la dernière bande, celle-là en haut QUI. FAIT. MAL.
Et du coup, tu es quoi ? Voilà, tu es contente et fière, mais d’avant.
(Je viens de relire et je trouve tout ça d’une clarté totale. Zou, validé)
Moi, je suis pas sûre d’avoir tout compris (enfin si peut-être que si… ) mais rien que pour des expressions comme « se tâter les parties en gloussant de joie », je suis contente quand même (et je pouffe)
TL; DR = Spasque jme fais engueuler tout le temps paske je fais des trucs cools mais j’en parle pas et après quand ça sort je suis sur ot’ chose.
Je crois bien que vous venez de faire la métaphore filée la plus formidable qui soit.
J’ai très envie de
me faire le maillot intégralfaire un livre mais rien que d’y penser j’ai peur. Maintenant je sais expliquer pourquoi. MERCI.En fait, vous êtes comme la lumière des étoiles: quand le livre sort, votre joie est déjà morte depuis des billions d’années.
(j’ai compris hein?)
(dites moi que j’ai compris, sinon j’en dormirais pas)
Bon ben je me suis jamais fait le maillot intégral, voilà pourquoi ma vie est morne, maintenant au moins je SAIS.
(Puis j’ai jamais publié de livre, non plus, toute mon existence n’est que vacuité).
chèr-e Fizzgig, vous serez gentil-le la prochaine fois et d’anticiper mes billets pour me fournir vos métaphores de qualité AVANT. Parce que l’étoile filante c’est quand même un peu plus classe que « d’avoir la chatte en boudin blanc ».
MERCI
Aurélia, mais enfin, et le livre d’obédience illustrée photographique alors ?
En même temps, vivre comme le train TGV frémissant qui va à Marseille à la vitesse de la lumière, c’est BIEN. On n’attrape rien de bon quand on est un TER. On s’arrête à toutes les petites gares, même celles auxquelles personne ne descend, on insiste pour rester trois heures trente stationnée à chacune — du coup on se retrouve à serrer dans ses petits bras des textes vieux de trois ans avec la certitude qu’on ne produira jamais rien de mieux. Non, Impératrice, soyez un TGV.
(Comme quoi la métaphore poilesque était quand même bien distinguée
alors quand en plus vous faites des clins d’yeux à V pour Vendetta gnih gnih gnih…)Je sais pas si je fais bien de ne pas écrire de livre (probablement) (enfin j’ai écrit une THÈSE bordel donc je peux m’imaginer, sauf qu’en plus d’avoir passé des mois à avoir envie de vomir chaque fois qu’on voulait que j’en parle, personne ne l’a lue) (une collègue m’a dit récemment qu’elle avait recommandé à un de ses étudiants de la lire, je suis joie et félicité, il sera le deuxième après un de mes trois relecteurs) (vous ne croyez quand même pas que tous mes relecteurs on lu ma thèse en entier ?), bref, je sais pas si je fais bien de ne pas écrire de livre mais je suis ravie de ne m’être jamais fait le maillot intégral. RA-VIE.
« ont lu ». J’en mange ma grammaire d’émotion.
« Souviens-toi, souviens-toi du 5 novembre ».
Je veux faire des petits roux gauchers qui parleront avec un fort accent britannique avec vous.
Desole.
Je m’emporte, mais c’est l’emotion.
Merci pour cette perle, glissée au detour d’un billet comme a l’accoutumé tres agreable a lire, pour peu qu’on ai des tendances masochistes du poil pubien.
Moi je veux bien lire la thèse de Krazy Kitty, j’aime bien lire les thèses des gens, ça me venge de la mienne que personne ne lira jamais. Bon, je comprendrai sans doute pas, mais c’est qu’il faut des compétences poussées pour comprendre les thèses, alors que les lire c’est facile.
Et sinon un peu pareil que la moitié de la Galaxie, je n’ai jamais fait de livre ni subi d’épilation intégrale, mais la métaphore me semble quand même très claire. Du courage pour vous prochains livres que vous aurez les félicitations dans longtemps seulement. Et des félicitations pour tous les livres déjà faits, bien entendu
Je ne me suis jamais épilée intégral, par contre j’ai publié un livre. Ben si c’était à refaire, je ferai l’inverse.