L’autre jour Copine de Provincie m’a dit : »me soule pas à dire que la déco est « provinciale » ; c’est comme si au lieu de dire « connard prétentieux » je disais juste « parisien ». J’ai répondu : « ah ben te gène pas pour moi hein, c’est exactement ça » (d’autant plus que moi, comme tous les citadins ayant vaguement un grand-oncle qui a été scout pendant la guerre, je m’enorgueillis ne ne pas être vraiment parisienne, mais un peu de la province aussi) (à chaque fois que je dis ça à copine de Provincie elle rigole, ça lui fait des abdos, c’est cadeau).
C’est-à-dire qu’on pourrait difficilement nier que le parisien est vaguement agressif et blasé (ceux dépourvus de ces deux traits de caractères sont en général dévorés vivants par leurs pairs et on retrouve leurs os au fond de la Mystic River).
Et s’il y a un endroit où le parisien laisse éclore son caractère de merde comme un bouquet champêtre, c’est bien les transports en commun.
Et qu’est-ce qu’il y a dans les transports en commun que le parisien déteste encore plus que les grèves et les autres gens ? Les touristes.
Donc, toi, ami de Provincie, si tu viens à Paris, je te recommande fortement d’éviter à tout prix d’être confondu avec un touriste. C’est l’opprobre assurée.
D’où la liste de toute beauté d’aujourd’hui : comment éviter de passer pour un touriste dans les transports parisien ?
(Je sais pas si je vais pas me faire radier de l’ordre des Parisiens en disant ça mais bon chuis wilde jmen fous chuis une ouf moi je mange mon yahourt avec vu vrai sucre.)
1. Ne jamais rester l’air innocent, les deux mains dans les poches, alors que la voiture démarre. Surtout pas sur la ligne 4, la 1, la 3, la euh… pas dans le métro. Et jamais dans le bus. Les bus sont conduits exclusivement par des passifs-agressifs non-passifs qui comptent les points (s’ils démarrent assez brusquement pour qu’une vieille se casse la gueule, c’est 10 points).
2. Ne jamais faire de brainstorming à un embranchement de couloirs. 800 personnes vont te piétiner et ce sera complètement de ta faute. De manière générale, ne jamais pointer dans des directions variées en disant des trucs de touristes (comme : « vjrtüt ? » ou « playapaloma ? « ), ni de provinciers, d’ailleurs ? (« C’est où ? » ; « On est où ? » ; « On va où ? » ; « Josiane, t’as ton ticket ? » ). Tu es supposé(e) déjà savoir où tu es, où tu vas, et comment.
3. Ah oui, le ticket. Tu as un ticket. C’est sale. Tout le monde a un pass qui lui permet d’informer la CIA de ses déplacement. Cache ton ticket comme un doux secret que personne ne devrait pouvoir deviner* (mais pas trop bien non plus parce que sinon tu vas te faire agresser par des contrôleurs refoulés aux tests d’embauche de Guantanamo pour connarderie excessive quand ils te le demanderont et que tu mettras plus de 3 secondes à le retrouver).
4. Il y a des escaliers automatiques. Le parisien n’étant jamais reconnaissant de quoi que ce soit, ne dis pas « c’est pratique, quand même ». C’est pas pratique. C’est normal. On traverse la ville en 30 minutes, on se fait porter nos gros culs d’un bout à l’autre de l’Île-de-France, 7/7j et 20/24h. C’est le minimum. C’est pour ça que les grèves, c’est une insulte personnelle. Donc, les escalators : ne te tiens jamais sur la gauche sans bouger. Le temps que les lutins machines de la mécanique motorisée te fassent parcourir 2m de dénivelé, il y aura 4 poupées vaudou à ton effigie en train de cramer (c’est pour ça que ça pue toujours un peu la fumée).
5. Ne marche pas lentement. Le parisien est pressé, putain de merde, pousse-toi. Attention, j’ai pas dit qu’il avait forcément des trucs importants ou intéressants à faire, hein, mais l’idée de faire autre chose que de grandes enjambées, l’air hyper énervé, ne l’effleure pas. Si tu es handicapé(e), blessé(e) ou vieux/vieille ; ou pire : enceinte -ce qui signifie probablement que tu es venue geindre qu’on te laisse une place-, tant pis pour ta gueule.
6. Ah oui, si tu es enceinte, fais gaffe. Non seulement tu vas sans doute te prendre des coups dans le bide, mais si tu demandes à t’asseoir, même remplie de jumeaux, à 2 jours du terme, tu risques de t’entendre répondre : « Vous avez une carte de priorité ? » ou « tu t’es pas plainte quand on te le faisait, ton chiard », ou un élégant et sans appel : « non » **.
7. Les plans pour touriste te diront qu’Eurodisney est à Paris. Ils te diront aussi que ton hôtel est en zone 3. C’est un mensonge éhonté. Mais ne fais jamais l’erreur de demander des précisions au guichet. Il faut savoir que les agents guichets de la RATP sont recrutés sur leur incapacité à pratiquer une autre langue que le français lorsqu’ils s’adressent aux usagers (même si tu les as entendu parler italien ou tamoul dans leur portable pendant que tu attendais comme un con à faire le pied de grue 20 minutes qu’ils terminent leur conversation).
Ensuite, les meilleurs d’entre eux (meilleurs = « moins anglophones/ hispanophones/japonophones » sont positionné aux stations stratégiques : Sacré-Cœur, Champs Élysées, et bien sûr toute station de RER menant à Marne la Vallée ou Versailles. Quand on s’adresse à eux, ils vont donc se pencher, regarder d’un air dégoûté le touriste perdu et se fendre de « quoi ? Hein ? » de plus en plus dédaigneux, voire menaçants, avant de conclure d’un : « Non mais c’est la France là ici hein, faut parler français »***.
Si tu es de Provincie, n’entretiens aucune illusion ; il feront pareil. N’essaye pas de feindre d’avoir deux I-phones, l’air « dans le rush » alors qu’il est dimanche à 11h et que tu vas au Jardin des Plantes ; et un sac Monop’**** (bref, l’attirail du parisien désagréable) ; vous les gens de Provincie, ils vous sentent.
Ensuite, les meilleurs d’entre eux (meilleurs = « moins anglophones/ hispanophones/japonophones » sont positionné aux stations stratégiques : Sacré-Cœur, Champs Élysées, et bien sûr toute station de RER menant à Marne la Vallée ou Versailles. Quand on s’adresse à eux, ils vont donc se pencher, regarder d’un air dégoûté le touriste perdu et se fendre de « quoi ? Hein ? » de plus en plus dédaigneux, voire menaçants, avant de conclure d’un : « Non mais c’est la France là ici hein, faut parler français »***.
Si tu es de Provincie, n’entretiens aucune illusion ; il feront pareil. N’essaye pas de feindre d’avoir deux I-phones, l’air « dans le rush » alors qu’il est dimanche à 11h et que tu vas au Jardin des Plantes ; et un sac Monop’**** (bref, l’attirail du parisien désagréable) ; vous les gens de Provincie, ils vous sentent.
Mais sinon, viens, hein, on est « hyper sympâh ».
*Sois préparé, dans les transports en commun parisien des fois les gens ne cachent même pas leur bite comme un doux secret. Mais eux ils sont parisiens, ils ont le droit (je suppose) (je cherche désespérément une explication).
** Toutes ces réparties sont rigoureusement authentiques.
*** Un jour j’ai entendu « Non mais c’est la France là ici hein, faut parler la France ». Sublime. Tout l’esprit des Lumières en une seule phrase.
****Le Monop est un magasin ouvert tard où on peut acheter une pomme, une briquette de 25cl de lait, et un smoothie goyave-carambole-lait de chèvre du Cathare bio pour 37,68€.
(Je me rends compte que je n’ai pas cité « ne regarde JAMAIS les gens dans les yeux » mais c’est tellement évident que j’ai oublié. Parce que je suis une connasse. De parisienne. Tout est dit, ptin, pourtant j’aurais résisté, c’était bien la peine de naître avec du beurre salé dans les veines, chierie.
Diantre ! J’en fais des bévues quand je viens en visite chez la Pétass’ !
zavez oublié qu’il ne faut surtout pas avoir même un micro-sourire ni laisser sa place à la femme enceinte qui s’est faite rembarrée par le parisien sinon c’est le repérage assuré et donc la môôôôrt par yeux lasers et coups et poussades multiples :p
preums!
Je suis d’étrangie, et effectivement, à mon ernier voyage, c’était un peu comme ca, hélas (combo métro/bus/parking)
__Ne souris pas. JAMAIS__. Parfois quand je reviens de Germanie j’oublie, et tout à ma joie d’imaginer mes retrouvailles avec un vrai camembert, je souris dans le métro. Mon record, c’est 3 stations avant un commentaire du genre « C’est pour moi ce joli sourire mademoiselle ? » (c’était un jour de semaine à 15h).
Ne te leurre pas : si tu tires la tronche, tu risques le « Hey mademoiselle faut pas faire la tête comme ça tu veux pas me faire un beau sourire ? », mais comme il y a plus de nanas qui tirent la tronche, avec un peu de chance ça tombera sur une autre. Tu peux oublier tout concept de solidarité entre sistahs, ici, c’est la jungle.
Et ne demande jamais aux Parisiens comment te rendre du point A où vous êtes maintenant au point B où tu as rendez-vous dans 30 min. S’ils sont plus d’un Parisien, la conversation va durer largement plus longtemps que les quelques minutes que l’option 1 te ferai éventuellement économiser sur l’option 2. (Mais bon, déconne pas, change pas à Châtelet sauf si c’est entre la 1 et la 4, et encore, et fais bien attention à monter à quatre portes de la tête de train, c’est juste en face de ton couloir.)
Chère Impératrice de tout l’univers, loin de moi toute idée de vous contredire, misérable vermisseau que je suis (ou vermicelle, vu que je suis une fille, mais ça devient bizarre). Seulement voilà; je crains que cet article soit voué au néant dès son titre.
Explication: le parisien hait tout le monde. Surtout dans les transports en commun. Donc essayer de le ménager à ce moment-là, pour qu’il n’ait pas envie de tuer des gens, surtout toi, quand il va quelque part dans Paris, c’est un peu comme essayer d’apprendre à Staline que les goulags c’est vilain, ou dire à Jack l’éventreur qu’on découpe pas des gens pour telle ou telle raison. Ca sert à rien.
Je vous laisse, j’ai des touristes à étriper et des provinciaux à envoyer en Sibérie.
Je ne viens pas de provincie mais des îles. Et j’avoue qu’il ne m’a suffit que d’une journée sur le terrain avec ma parisienne de soeur pour apprendre les us et coutumes de paris et me retrouvee épuisée a la fin de la dite journée.
J’ai particulieremt été choquée de devoir grimper les escalator au pas de charge comme si nos vies en dépendaient…
Il faut être en bande quand on vient de province… Je me suis fait interpeller ainsi parce que je souriais : « Ouais, vous, vous n’êtes pas un vrai parisien, vous ne faites pas la gueule ». Depuis, je souris EXPRÈS quand je suis à Paris (car j’ai fuit en province, niark, niark !)
Ah mais non chère Impératrice, des escalators dans le métro il n’y en a tout bonnement aucun (au contraire des métros de Provincie où il y en a 2 rutilants par stations).
Parfois je me dis que la capitale est en retard (ou fait juste chier les gens qui fuient toute valise dehors).
Moi je prend un malin plaisir à être souriante, parce que quand je suis à Paris, je suis en ouiken ou en vacances, et donc je suis contente!
Une fois je me suis un tout petit peu énervée sur un petit vieux qui me gueulait dessus parce que je lui bouchais le passage avec mon gros sac à dos (il m’a traitée de conne, la classe Papi!), je lui ai dit qu’il fallait se détendre et surtout « mais pouquoi vous êtes si pressé?? » Sous entendu : t’es à la retraite, il serait temps de te calmer un peu!
Ce qui m’a fait plaisir ce sont les sourires complices que mes remarques ont provoqué…
Tout n’est pas perdu!!
« Donc, les escalators : ne te tiens jamais sur la gauche sans bouger. Le temps que les lutins machines de la mécanique motorisée te fassent parcourir 2m de dénivelé, il y aura 4 poupées vaudou à ton effigie en train de cramer (c’est pour ça que ça pue toujours un peu le fumée) ».
Hahahahaha. Tellement vrai.
Oh my God! J’ai des déplacements à Paris en ce moment (moi qui suis de Provincie), et à chaque fois que je change à Chatelet, je perds foi en l’humanité et en la vie. Et je me dis que jamais jamais jamais je ne vivrai à Paris.
Du coup, bien que je sente tous les regards de haine peser sur moi quand je me perds (oui il arrive que je me perde dans les couloirs du métro), je ne peux qu’éprouver de la compassion pour tous ces gens contraints de courir dans les escalators toute leur vie. Et sachez le, Impératrice, vous n’y êtes pour rien, c’est Paris qui vous fait ça. Si vous n’étiez pas devenue parisienne, vous n’auriez pas pu survivre….Bon, et le beurre salé dans les veines ne peut pas faire de mal.
The reason why
j’ai quitté Paris
pour aller vivre en Provincie
qui connaît sont lot de mal au trou aussi
mais en moins pire
pour une raison très simple : ici (maison de retraite nationale de la France) point de transports en commun !
Quand je reviens à la capitale
autant dire l’étranger
je suis partagée entre ce que vous décrivez
et la sensation que, au contraire, les gens sont à l’affut d’un peu de douceur dans ce monde de brutes.
Mais je planque mon ticket dans ma poche…
Et je fais super gaffe sur le périph, où, on te refuse systématiquement la priorité à l’entrée,
si t’es pas du cru (et donc pas sensé savoir que tu l’as, cette priorité)
Fichtre… En tant qu’ex-ratpiste, vous et moi allons avoir une explication prochainement chère Impératrice… Ca va trancher !
Merci pour tous vos articles très intéressants
Impératrice, merci pour ces précieux conseils (ex-parisienne pendant 3 ans, je savais déjà presque tout, mais c’est vrai que je l’avais appris à mes dépends… si seulement j’avais eu cette liste plus tôt!)
Maintenant, (je sais, j’en demande beaucoup) ne pourriez vous nous expliquer à nous autres, pauvres provinciaux, comment faire pour ne pas haïr le parisien?
Birnus