L’élégance en toute circonstance 8 – La kermesse de fin d’année 5

Pour cette dernière chronique, je me dois de vous donner les conseils adéquats pour rester élégant ? la kermesse de fin d’année. Au passage, pardonnez-moi de vous avoir abandonnés ? vos vies quotidiennes, sans la moindre aide pour vous en sortir avec dignité, mais il me fallait soigner –toujours avec classe- une terrible mycose plantaire. Et une femme du monde sait se concentrer sur l’essentiel.

Donc, la kermesse. Elle se déroule bien souvent ? l’école du quartier et a, entre autres, le désavantage d’offrir une densité en enfants proprement insupportable.

Ne rêvez pas. Même si vous vous avez fait le choix de vous cautériser les canaux reproducteurs ? l’acide en fusion, vous n’êtes, et ne serez jamais, ? l’abri de la kermesse de fin d’année.

Car comment dire non ? une kermesse ?

Je n’ai pas de conseils ? vous donner. Cette question est purement rhétorique. Il est impossible de dire « non ». C’est comme de refuser d’assister ? une tétée de petits chatons kikinous. De refuser de regarder une photo d’enfant (et pourtant, chacun au fond de son âme sait d’avance que cet enfant sera fort laid). Ou encore affirmer qu’on aime la pollution, les génocides et le soja transgénique.

Vous avez donc accepté de vous rendre ? une kermesse.

Sincèrement, ? part vous briser le tibia ? la masse, vous ne pourrez pas ne pas y aller : le sentiment de culpabilité serait proprement insurmontable.

Au passage, cette piste peut valoir la peine d’être suivie. Autant s’auto-agresser avec une masse peut s’avérer délicat (l’effet de surprise est tout ? fait ruiné), autant il ne devrait pas être trop ardu de trouver une accointance prête ? vous rendre ce service. Notamment si vous êtes du genre ? ne jamais reboucher le tube de dentifrice ou ? partir sans payer. Avoir été pénible tout au long de l’année pourrait s’avérer payant en ces derniers jours précédant les vacances scolaires, quand flotte dans l’air ce mélange de tristesse et de soulagement qui marque la fin de toutes choses et nous rappelle que nous passons une large partie de notre vie ? attendre la mort.

Hum, désolée, c’est les barbecues, ça me rend susceptible.

Vous allez donc devoir vous rendre ? la kermesse. Qu’elle soit celle de votre enfant ; neveu ; voisin (je laisse résolument de côté le cas où vous n’avez rien ? faire l? et où, adulte en imperméable, vous appréciez simplement la présence d’enfants pré pubères. Dans ce cas de figure, le degré le plus simple d’élégance voudrait que vous ne vous approchiez pas des écoles, cordialement) ; quelle que soit la kermesse, disais-je, elle sera pénible.

D’autant plus que vous allez rencontrer le référentiel enseignant de l’enfant en question.

Or, l’année étant finie, très sincèrement, soyons honnêtes –nous sommes entre gens de bonne compagnie-, le référentiel enseignant, on n’en n’a plus rien ? foutre.

Ceci étant dit, mieux vaut bien vous tenir. Vous pourriez être amené(e) ? croiser de nouveau ce référentiel enseignant ; ? lui confier d’autres enfants de votre connaissance ; ou ? le croiser dans le métro.

Posez donc le punch aux fruits (délicatement aromatisé ? la flasque) et notez avec soin les recommandations suivantes :

1. Ne lui dites pas comment faire son métier. Qui est forcément mal fait, mais également réellement difficile, et, entre nous soit dit, ? peu près aussi considéré ? l’heure actuelle que branleur de taureau. Le référentiel enseignant n’ira certainement pas vous dire comment exercer vos talents d’expert-comptable ou de programmeur Java. Retournez-lui cette faveur.

2. Ne lui proposez pas d’aromatiser son punch avec le contenu de votre flasque. Sincèrement, cela ne fait pas très bonne impression. Même si la personne en face de vous a l’air très, très fatiguée, et semble trouver le temps très, très long, la pousser dans l’alcool ne pourrait qu’avoir des conséquences terribles (et je ne parle même pas ici de la réputation d’alcoolique qui vous suivrait désormais comme un Rantanplan aimanté).

3. Ne lui parlez pas de votre enfant –ou de l’enfant ? cause duquel vous vous trouvez ici. Une kermesse a ceci de commun avec un enterrement qu’on y est tous ? cause de quelqu’un. Mais évoquer le défunt est finalement soit pénible, soit douloureux –quel intérêt ? Faites abstraction des êtres humains miniatures qui crient et courent autour de vous en dévorant leurs crottes de nez avec délectation, et parlez des projets de vacances. Les vacances, tout le monde les attend avec impatience –le référentiel enseignant, aussi.

4. Sous aucun prétexte, vous ne pouvez décider de montrer vos organes génitaux au référentiel enseignant. Rangez-moi ça.

Je vous souhaite ? tous d’excellentes vacances. Quant ? moi, je prévois des activités aussi fascinante que la prise de métro par grandes chaleurs, le benchmark involontaire de déodorant, et le deuil anticipé. J’espère vous retrouver en forme ? la rentrée. D’ici l? , accpetez la considération de l’expression de mes salutation les plus cardiales, et des GROS GROS POUTOUS.